Il faut prendre des mesures plus fortes, et je crois que c'est notre rôle : la puissance publique doit intervenir dans ce débat. La démocratie doit s'inviter dans l'entreprise pour contester le pouvoir des actionnaires : c'est l'un des défis que nous devrons affronter pour construire une VIe République. Il faut combattre la loi de l'argent.
Ces deux amendements tendent à instaurer une échelle des salaires. Le premier me paraît sérieux, et propose d'imposer un rapport maximal de 1 à 20 entre les salaires d'une même une entreprise ; autrement dit, dans une entreprise où certains salariés sont au SMIC, aucune rémunération annuelle ne pourrait dépasser 355 200 euros bruts – somme dont vous conviendrez qu'elle est déjà relativement élevée. Ce mécanisme ne plafonne pas les rémunérations, et ne contrevient donc à aucun principe constitutionnel : l'entreprise peut parfaitement, si elle désire rendre légale une rémunération très importante, relever le salaire annuel le moins élevé pour respecter ce facteur de 1 à 20. C'est donc également un mécanisme vertueux.
Comment justifier que l'on rémunère le travail d'une personne 280 fois plus que celui d'une autre ? C'est impossible. C'est une atteinte à la valeur du travail ; c'est une injustice évidente. Hier, le ministre de l'économie nous a dit que l'on ne pouvait pas construire l'avenir des entreprises sur l'injustice ; c'est pourtant ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays, et il faut mettre fin à cette situation. Il y va de la dignité des femmes et des hommes qui travaillent.
Le deuxième amendement vous semblera sans doute plus raisonnable – il l'est pourtant à mon sens moins que le précédent. Il prévoit que le rapport entre les salaires ne peut dépasser un rapport de 1 à 50. C'est sur cet amendement que j'ai choisi de demander un scrutin public : nous pouvons nous rassembler sur cette idée que l'on ne peut pas laisser perdurer les écarts actuels. Cela paraît inconcevable, inacceptable, injustifiable.