Je suis heureux de voir les femmes nombreuses dans cet hémicycle, pour m'écouter défendre cet amendement qui m'est cher.
Le général de Gaulle a été beaucoup cité hier. Je citerai pour ma part Coluche qui, il y a quarante ans, commençait une de ses blagues les plus connues par : « C'est l'histoire d'un mec… ». J'ai bien peur qu'aujourd'hui, s'il était encore parmi nous – peut-être pas dans cet hémicycle, mais partout ailleurs – , il commencerait encore son sketch par cette formule.
En 1972, les députés réunis dans cet hémicycle votaient l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes. Il a fallu attendre trente-six ans pour qu'en 2018, ils votent une loi qui assurera que l'égalité de salaire entre les hommes et les femmes sera effectivement respectée.
En 2011, la loi Copé Zimmermann, votée ici, assurait une quasi-parité dans les conseils d'administration. Il a fallu cinq, six ou sept ans pour que la part des femmes dans les conseils d'administration passe de 25 % à 42 %. Dans le même temps, leur part dans les comités exécutifs a évolué de 12 % à 15 %.
À ce rythme, il faudra soixante ans pour que les comités exécutifs des principales entreprises françaises soient paritaires. Je ne pense pas que nous puissions attendre aussi longtemps.
J'ai donc réfléchi avec la rapporteure, Coralie Dubost, à un dispositif que nous avions mis en oeuvre dans l'entreprise où je travaillais auparavant. L'objectif n'est évidemment pas de forcer le résultat, d'introduire dans les comités exécutifs, des quotas dont on sait que ni les femmes ni les hommes ne veulent, mais bien de s'assurer que, jusqu'au bout du processus de sélection, figure l'obligation de rechercher des femmes. Les femmes de talent existent mais la facilité conduit parfois à aller chercher à côté de chez soi ce qui est le plus présent : à 85 %, des hommes.
Cet amendement vise à assurer, tout au long du processus de sélection du directeur général délégué et des membres du directoire, que l'on ait des représentants des deux sexes et que l'on puisse choisir in fine le meilleur candidat ou la meilleure candidate pour occuper ce poste.
Et je vous prédis que, si l'on choisit le meilleur candidat ou la meilleure candidate pour occuper ce poste, dans au moins 50 % des cas, on choisira la meilleure.
Aujourd'hui, une entreprise française de jeux vidéos qui m'est chère car elle produit à Montréal, a sorti un jeu qui demande au joueur, dès son installation, s'il souhaite être un homme ou une femme. Ce que ce jeu vidéo propose à nos enfants, il est temps que nous l'imposions aux dirigeants, de manière à ce que, eux aussi, s'efforcent d'avoir le choix entre un homme et une femme.