J'abordais ici les contraintes de formation. Mais le fait d'être sapeur-pompier volontaire après seize ans ou jeune sapeur-pompier est pris en compte dans nos propositions. Il s'agit d'un service encadré d'hyperproximité – le dernier des grands services publics dans ce cas, avec une caserne en moyenne tous les quatorze kilomètres.
Le système d'alerte aux populations se déploie avec des crédits importants. L'objectif est d'installer 5 000 sirènes sur des sites à risque. Nous en avons déployé plus de 2 000 et le budget est exécuté à 77 %. Pour parvenir à l'objectif, en raison des contraintes budgétaires, il faudra allonger un peu la durée du programme. Beaucoup de parlementaires ont mis en avant l'informatique « tout-smartphone ». Mais l'alerte doit se faire par plusieurs moyens. En cas de black-out, comme on l'a envisagé, la sirène, elle, fonctionnera. On l'a vu à Fukushima. Le problème plus global est de savoir si les citoyens comprendront la nature de l'alerte.
La base aérienne de sécurité civile de Nîmes-Garons, ancienne base aéronavale modernisée, est un outil exceptionnel, et nous sommes seuls à posséder en Europe. Nous cherchons à lui donner une dimension internationale et nous organiserons de nouveau en 2019 l'AFF – Aerial Fire Fighting. Nous travaillons avec Nîmes Métropole Agglomération pour aller plus loin, et avec les entreprises, qui prennent beaucoup d'apprentis, par exemple dans l'usine qui sert de référence mondiale pour les hélicoptères Airbus EC 145. Je l'ai dit aux élus locaux, l'étape suivante serait de mettre en place un simulateur de vol full flight à but commercial. Actuellement, nous envoyons nos pilotes se former à Stockholm ou à Milan, avec des coûts significatifs. Or le simulateur serait un investissement de l'ordre de six millions d'euros. Cela étant, Nîmes est notre base de référence, mais ne peut pas être la seule base aérienne européenne. On n'aurait d'ailleurs pas la place d'y baser tous les avions, et les autres pays n'iraient pas forcément dans ce sens. Cet outil novateur progresse, en liaison avec les élus, et nous avons l'intention de transférer un centre de stockage de Marseille vers Nîmes, ce qui procurera de l'activité et des emplois.
Si les élus locaux ont semblé absents de mon discours, j'en suis désolé. Ce n'était nullement mon intention. S'il est un domaine où la collaboration avec les élus locaux est totale, c'est bien la sécurité civile : nous parlions de la liaison entre COS et DOS, et, bien sûr, des SDIS. La gestion de tous les plans de prévention, de la population pendant la crise, après la crise, c'est avec eux – avec vous – qu'elle se fait. Et si nous sommes performants dans la gestion de crise, c'est justement parce que nous la faisons ensemble. On peut toujours améliorer les choses, et d'ailleurs les textes, et les responsabilités, évoluent. C'est quand même une très belle chose que cette co-construction permanente de systèmes de sécurité, financés par les uns, commandés par les autres, dans une entente globale, assez équilibrée et où chacun trouve son intérêt. Pour revenir sur les sapeurs-pompiers, évidemment si les élus locaux ne sont pas convaincus du bien-fondé de ce qui se met en place, rien ne se passera. Ayant quitté le terrain il y a environ deux ans, je sais bien ce que représente la fonction de maire, surtout dans les communes moins importantes. Eux, et leurs adjoints, sont sollicités sans arrêt par tous les services, à commencer par les pompiers. On a besoin d'eux, et on ne peut se passer d'eux.
La réforme des SDIS est un sujet compliqué. À la direction générale, nous pensons que la régionalisation intégrale ne serait pas une bonne chose, alors que la gestion locale des sapeurs-pompiers est indispensable, l'échelon local reste très pertinent. Cela n'empêche pas de penser un peu autrement. Ainsi, nous souhaitons favoriser davantage la mutualisation des achats. En deux ans, nous avons réussi à peser sur les prix, et des gains très significatifs sont désormais constatés. À titre personnel, il me paraît raisonnable de penser au regroupement de certains SDIS à une échelle pertinente. J'ai à l'esprit quatre ou cinq territoires qui travaillent bien ensemble et où cela serait sans doute possible. La DGSCGC a, une attitude ouverte sur cette question. Simplement, il faudra rester à une échelle territoriale pertinente pour que le conseil d'administration conserve sans caractère d'organe de proximité. Cela n'empêche pas de créer des outils de gestion mutualisés, pour les achats, sur le plan administratif. Sans parler de la possibilité de fusioner à l'instar des ministères des Armées, de l'Intérieur, de l'Économie et des Finances, les logiciels permettant par exemple de régler les salaires. La gestion des payes ne doit pas forcément se faire par les services du département. L'agence NEXSIS, que nous mettons en place, se situe au niveau national. C'est l'exemple du possible de cette matière de mutualisation.
S'il est un domaine où, sur le court terme, on pourrait gagner de la ressource financière, c'est la formation, en raison de la multiplication de dépenses trop dispersées. Bien sûr, l'entraînement individuel doit rester dans les casernes, la formation locale, celle « du samedi » doit être de proximité, au plus au groupement. Il y a des formations techniques exigentes qui pourraient être globalisées en s'appuyant davantage sur un niveau national (l'ENSOSP par exemple). Je crois possible de faire des économies tout en visant un taux de compétence supérieur. Ce type de sujet ne va pas aboutir rapidement, mais nous en parlons beaucoup avec Monsieur Olivier Richefou, président de la CNSIS ou avec l'Assemblée des départements de France (ADF). On pourrait être plus performant budgétairement sans révolutionner le dispositif existant.
Les laboratoires P4 et P3 sont gérés par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), c'est lui qu'il faut interroger. Nous sommes intégrés dans le réseau des moyens d'intervention, mais la planification ne m'incombe pas, outre le fait qu'elle est soumise à classification particulière.
D'un mot, je suis l'auteur du plan de déminage 2020. Ce service avait subi la révision générale des politiques publiques (RGPP) de façon importante. J'ai obtenu les moyens de rétablir l'effectif, ce qui sera fait fin 2019. Il faut savoir que ce service intervient une trentaine de fois par jour sur des problèmes réels, pas que sur des colis abandonnés. Il collecte environ 500 tonnes de munitions par an, de tous types d'armes, et il y en aurait encore pour des centaines d'années me dit-on ! Nous avons mis l'accent depuis trois ans sur ce que j'appelle « le déminage de combat » qui est la récupération de tout ce qui n'a pas un caractère historique. Ceux qui exercent ce métier à risque sont tous des fonctionnaires de police qui ont plus de huit ans d'ancienneté et que nous formons sur cinq niveaux. Pour la formation, nous sommes sans doute une référence dans le monde. Les centres étaient, historiquement, installés dans l'arc où l'on trouve des munitions historiques, de La Rochelle à Colmar. Nous en avons installé d'autres comme celui que vous citez. D'autre part, nous avions un peu laissé de côté les grandes métropoles et, en raison de leur développement, il a fallu reprendre les choses en mains pour ne pas y laisser des colis abandonnés sans intervention pendant deux heures. Trois centres sont en sous-activité notable, dont celui des Landes-Pyrénées. Après une concertation avec les organisations professionnelles et syndicales sur ce sujet qui m'a valu une avalanche de courrier d'élus, nous les avons conservés, en les maintenant à leur effectif dès que les mutations le permettront. Évidemment, je ne peux m'engager sur le budget que jusqu'à la fin du quinquennat.
Les associations départementales des radioamateurs au service de la sécurité civile (ADRASEC) sont des partenaires très intégrés à la sécurité civile : elles ont même des locaux dans ceux de la direction générale, au Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC). Par exemple, à Saint-Martin, quand nous avions perdu tout l'équipement, nous étions heureux de pouvoir compter sur des gens qui avaient encore des radios. Et nous les subventionnons.
Enfin, le taux de féminisation reste indigent, à 16 % – et même, si l'on ne tient pas compte des 12 000 personnels des services de santé des SDIS, médecins, infirmières, psychologues, où il est de 30 % à 40 %, il tombe à 8 %. Chez les officiers, il est de 4 %. Contrairement au directeur général de la police et à celui de la gendarmerie, je connais le nom de toutes les colonelles : elles sont quatre ! Je n'en suis pas fier. Il faudra des années pour améliorer la situation et il faut le faire chez les volontaires, mais aussi chez les professionnels.