Intervention de Général de division Pascal Facon

Réunion du mardi 25 septembre 2018 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général de division Pascal Facon, commandant le centre de doctrine et d'enseignement du commandement :

S'agissant tout d'abord des battle labs de l'armée de terre et du programme SCORPION, la question est particulièrement intéressante, car la division « doctrine » du CDEC, que dirige le colonel Auboin, accueille le Laboratoire du combat SCORPION (LCS). Dans le cadre d'un processus novateur et assez inédit, ce laboratoire, depuis deux ans, teste une doctrine exploratoire sur des systèmes de simulation. Grâce à la Force expérimentale du combat SCORPION (FECS) de Mourmelon-le-Grand, cette doctrine a vocation à s'appliquer et s'affiner dans les unités qui vont prochainement recevoir les matériels SCORPION Revenons sur le LCS. Il est important de souligner que cette approche est très innovante : c'est la première fois que nous élaborons une doctrine exploratoire, que nous la testons avant même d'avoir le matériel. Cela va produire des résultats en termes d'appropriation opérationnelle de ces moyens. Pour nous, les grands jalons seront l'année 2019, qui marquera la reprise d'une partie de l'activité de ce LCS par l'E2CIA à Mourmelon-le-Grand, elle pourra ainsi tester ce qui a été constaté sur les ordinateurs, mais cette fois-ci dans les camps de manoeuvre. Nous pourrons alors élaborer la doctrine provisoire des sous-groupements tactiques et des groupements tactiques SCORPION. Ensuite, en 2021, nous passerons à l'échelle du groupement tactique SCORPION, et en 2023 à la brigade SCORPION.

Au-delà du LCS, le battle lab de l'armée de terre a plus généralement pour objet d'explorer les potentialités des nouvelles technologies sur les conditions de l'engagement de demain, de manière à anticiper la mise sur pied des matériels et adapter les doctrines.

Vous avez évoqué les officiers de réserve à plusieurs reprises. Il ne m'appartient pas de décider ou de proposer des réflexions concernant le lien avec leur employeur. C'est un domaine qui ne relève pas de ma responsabilité. Ma mission est de former ces officiers de réserve spécialistes d'état-major de manière à ce qu'ils puissent facilement intégrer des structures de commandement. C'est le cas aujourd'hui, ils apportent plus qu'un complément : ils sont reconnus dans l'institution militaire pour leur efficacité. Nous prenons soin de garantir que le flux de recrutement de ces ORSEM soit constant.

Notre travail, actuellement, consiste à réfléchir à la valorisation du parcours des ORSEM, et nous explorons toute une série de pistes, en particulier sur les qualifications, la nature de la formation et leur employabilité. Nous cherchons à leur donner une plus grande visibilité en termes d'emploi et déroulement de carrière. Quand ils ont fini leur formation à la fin du mois d'août, quelles sont les possibilités qui s'offrent à eux, et quels sont les parcours que l'on peut décrire ? Nous ne partons pas de rien : le système ORSEM fonctionne très bien, mais nous sentons bien qu'il existe des marges de progrès.

Il n'existe pas de profil type d'ORSEM, c'est ce qui fait leur richesse. Le stage se déroule au mois d'août : quand la plupart de nos concitoyens sont en vacances, eux sont à l'École militaire et se forment aux techniques d'état-major dans le cadre de leur certificat ou du cours supérieur, avec un dévouement incroyable et une volonté de servir qui nous oblige, nous soldats de l'armée d'active.

S'agissant de la méthode d'élaboration d'une décision opérationnelle, au profit de qui faisons-nous ces formations ? Le 26 septembre, nous accueillons une trentaine d'étudiants de Dauphine dans le cadre de ce stage d'une journée, il est particulièrement prisé par les grandes écoles Cette formation est également dispensée aux collaborateurs parlementaires volontaires. Nous en attendons un regard croisé sur une manière d'élaborer une décision opérationnelle et une confrontation de notre méthode à celles de nos camarades civils. Cette démarche est une source d'enrichissement mutuelle et permet une meilleure connaissance de l'institution militaire par la société civile. Le succès est très vif, à chaque fin de stage, nous les rencontrons pour échanger avec eux et il n'est pas rare de constater que cette journée suscite des vocations. Les cours sont dispensés par des stagiaires de l'École de guerre Terre, et comme les populations sont sensiblement du même âge, le lien s'établit naturellement.

S'agissant des coopérations avec l'OTAN et l'Union européenne, en matière de doctrine, nous sommes parfaitement interopérables avec les doctrines de l'OTAN. Nous les utilisons autant que de besoin, et nous les déclinons dans notre propre champ. Sur la relation et l'interopérabilité avec les États de l'Union européenne, au niveau du CDEC, les relations sont régulières avec nos homologues espagnols, italiens, allemands, anglais, et américains. Nous échangeons beaucoup en matière de RETEX, et nous travaillons à développer des synergies doctrinales applicables dans le domaine du PMO. Cette relation avec l'OTAN l'Union européenne et est permanente, des groupes de travail se réunissent fréquemment sur ces sujets, et nous adaptons les doctrines de l'OTAN en les intégrant à notre propre corpus doctrinal. De ce point de vue, nous n'avons pas de difficultés particulières.

Nous avons, il me semble, la confiance de l'opinion publique. Nous avons connu des périodes pendant lesquelles les choses étaient plus difficiles. L'opinion publique est exigeante à notre endroit, et ce niveau d'exigence est à la mesure du respect que beaucoup de nos compatriotes ont pour notre institution. Nous les voyons venir à nous pour savoir quel type de synergie il est possible de développer entre des établissements d'enseignement et le CDEC. Nous avons à ce titre un partenariat robuste avec l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), dans le cadre du programme de formation de l'École de guerre Terre. Cette interaction croissante avec la société civile nous permet d'échanger de manière extrêmement fructueuse sur des thèmes variés, dont des sujets d'intérêt direct pour l'armée de terre, comme l'esprit guerrier. Qu'est-ce que l'esprit guerrier, l'esprit de résilience ? C'est un sujet que nous évoquons assez régulièrement avec des chercheurs et des universitaires.

À Mossoul, les canons Caesar ont été parfaitement utilisés, ils ont énormément tiré, parfois en limite de leur capacité technique, mais sans altération des performances. Ces canons ont permis d'assurer une permanence des feux, avec une flexibilité plus importante, à certains moments, que celle d'autres moyens.

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