Intervention de Général de division Pascal Facon

Réunion du mardi 25 septembre 2018 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général de division Pascal Facon, commandant le centre de doctrine et d'enseignement du commandement :

Pour les tirs, nous disposons de certains obus extrêmement performants qui nous permettent de traiter des objectifs avec précision, y compris en milieu urbain. Pour éviter tout risque de dommages collatéraux, chaque demande de tir est évaluée et soumise à la validation d'une autorité nationale. Lorsqu'il y a un doute, cette autorité n'autorise pas le tir. Il ne s'agit donc pas d'une question technique liée aux canons ou aux munitions, mais de l'exercice d'une responsabilité dans la prise de décision, en conformité avec les Règles opérationnelles d'engagement (ROE).

Sommes-nous capables de durer dans la haute intensité ? Nous nous y préparons, dans le cadre de notre préparation opérationnelle interarmées et interalliée. Au niveau du CDEC, il s'agit de créer les conditions d'une interopérabilité, comprise comme une aptitude à s'engager avec la plus grande efficacité possible au côté de nos alliés, afin de pouvoir travailler en coalition. Lorsque nous parlons d'engagement au niveau de la division ou du corps d'armée, nous le faisons principalement dans un cadre otanien.

Sur la question des PMO, le risque sécuritaire est absolument mesuré. Lors d'une précédente affectation, je commandais les éléments français au Sénégal dont une des missions était de mener des opérations de coopération. Nous formions 10 000 hommes par an à l'échelle de toute l'Afrique de l'Ouest (16 pays représentant la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Mauritanie). Trois-quarts des soldats ainsi formés étaient engagés en opération, à nos côtés, dans les trois mois qui suivaient les formations, ce qui démontre combien ce PMO est efficace. Lorsque nous engageons nos propres hommes dans des Détachements d'instruction opérationnels (DIO), en zone d'opération de Barkhane, ils bénéficient d'une protection individuelle identique à celle que nous avons en OPEX et des capacités d'appui de Barkhane.

S'agissant du choix des partenaires, nous ne nous posons pas la question de cette manière. Les partenaires avec lesquels nous interagissons sont ceux avec lesquels nous partageons des intérêts et des objectifs communs.

S'agissant des relations avec les sociétés françaises qui mènent des opérations de coopération, il n'y a pas de concurrence, il y a même localement une synergie qui peut s'établir. L'important, lorsque nous menons des opérations de coopération, est que nous apportions une plus-value indiscutable que seule notre nature étatique peut garantir. Grâce au dialogue préalable qui s'établit, l'articulation avec des sociétés privées françaises s'effectue de façon naturelle et coordonnée.

Le PMO n'est pas une option. Les opérations de coopération sont absolument essentielles, elles participent de l'approche globale. Les progrès en matière de préparation opérationnelle ont été particulièrement notables ces dernières années. À titre d'illustration, on peut citer l'exemple suivant. En 2003, pendant les événements de Côte-d'Ivoire, la mission de la CEDEAO (MICECI) a mis six mois pour déployer 1 400 hommes dans une opération d'interposition entre belligérants. Dix ans plus tard, il n'a fallu que six semaines à l'Union africaine, pour déployer environ 5 000 militaires orginaires d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale dans le désert du Sahara, face à des groupes armés terroristes. Ce faisant, ils ont plus que contribué au succès de l'opération visant à contrer l'expansion des djihadistes. Ce progrès notable est en partie dû aux efforts soutenus avec constance par la France depuis de très nombreuses années.

Le PMO est d'une importance stratégique. Il conforte nos alliés dans la volonté de s'engager sur des objectifs définis d'un commun accord. Il participe de l'approche globale, c'est un instrument de sortie de crise qui repose sur la notion d'appropriation.

À partir du moment où nous arrivons à tous nous mettre d'accord sur des objectifs partagés, nous avons quelque chose de redoutablement efficace. Nous disons : venez comme vous êtes, avec les capacités que vous avez. L'agrégation de l'ensemble des capacités suffira pour répondre aux exigences des situations sécuritaires. Ce PMO est donc absolument essentiel, et c'est ce qui justifie parfaitement la décision du CEMAT de créer un commandement du PMO de manière à structurer la démarche, au bénéfice des opérations menées par l'état-major des armées, pour qui le PMO est donc un instrument essentiel de prévention et de sortie de crise.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.