Merci aux différents intervenants et aux rapporteurs. S'il fallait trouver une image, je dirai qu'alors que la détérioration du climat et de l'environnement fonce à peu près à la vitesse d'Usain Bolt, la politique des petits pas ne suffit pas.
Je rappelle que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 3 % en France en 2017, alors que si nous appliquions l'Accord de Paris, elles devraient décroître de 5 % par an. Je veux bien que l'on prétende que Emmanuel Macron est le « champion de la Terre », mais alors je suis très inquiet pour la Terre !
Les besoins d'investissement annuels pour atteindre les objectifs climat se situent entre 45 et 75 milliards d'euros par an de 2016 à 2030. Il manque 10 à 20 milliards d'euros. Or dans le prochain PLF, le budget du ministère chargé de l'écologie stagne en tenant compte de l'inflation, ce qui est déjà un problème, et il est prévu de supprimer 1 078 équivalents temps plein, dont un certain nombre chez les opérateurs essentiels pour l'environnement. Je pense au Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement, qui est en train d'être totalement détruit, ou encore aux agences de l'eau. Voilà le constat en termes de financement public.
Bien évidemment, si ces 10 à 20 milliards étaient inscrits, le temps que ces investissements produisent des emplois qui entraîneraient des ressources fiscales supplémentaires, les 3 % fatidiques d'endettement que l'on nous oppose sans arrêt seraient dépassés. Mais nous estimons quant à nous que la règle verte, que nous proposons de constitutionnaliser, en vertu de laquelle notre économie ne doit pas produire plus que la Terre ne peut absorber, est supérieure à toute règle d'or. La seule dette que nous devrions nous interdire de léguer à nos descendants est la dette écologique.
Le rapport qui nous est proposé est intéressant, mais il s'inscrit dans cette logique des petits pas. Il est évident qu'une fiscalité au service d'un projet écologique impliquerait de supprimer de nombreuses niches fiscales ou industrielles. Je pense notamment au kérosène aérien. Il importe que les ménages n'aient pas l'impression d'être les seuls à payer la taxation carbone. Il conviendrait d'appliquer véritablement un principe pollueur-payeur. Enfin, il faudrait une tout autre politique en matière de services publics, notamment ferroviaires, puisque l'ouverture à la concurrence du service de fret a cassé le fret ferroviaire en France, alors que nous devrions réfléchir à un ferroutage comme alternative au tout camion, qui est évidemment problématique.
Bref, nous sommes loin du compte. Je remercie le Réseau Action Climat pour son « projet de loi d'avenir pour les transports et la mobilité dont la France a besoin », dans lequel je me retrouve en grande partie.