C'est un sujet important et je voudrais m'y arrêter un instant.
Je pars de deux constats. Le premier, c'est que la cloison entre les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires est devenue ces dernières années de plus en plus mince. Il faut se sortir de la tête l'idée que le temps périscolaire ne consisterait qu'en du temps extrascolaire. Je le redis : certains temps de garderie, la pause méridienne, le temps de déjeuner – qui pose problème pour beaucoup d'enfants en situation de handicap : puisque retirés de l'école à onze heures trente et de retour juste avant la classe, ils ne bénéficient pas de ce temps essentiel qu'est le partage du repas –, tout cela, c'est du temps périscolaire. Et vous savez mieux que moi que le « plan mercredi » mis en oeuvre cette année n'a fait qu'étendre le caractère de temps périscolaire à plus de moments encore dans la semaine. La cloison est de plus en plus mince.
Or dans le même temps, et c'est mon second constat, les intervenants sont de plus en plus cloisonnés entre ces temps. Le BAFA, je le redis, n'est pas une obligation impérative que nous imposerions demain aux accompagnants ; c'est une possibilité qui leur est offerte, toujours dans le respect de leur statut, de leur temps de travail et de leur niveau de rémunération. Je considère qu'il peut être tout à fait bénéfique d'être formé au BAFA pour accompagner un enfant dans des temps de jeu en temps périscolaire. C'est un outil supplémentaire que nous proposons aux accompagnants.
Le collectif des AESH nous a dit son inquiétude de voir leurs activités décloisonnées. Elles nous ont expliqué qu'elles savaient, et la littérature est d'ailleurs abondante sur le sujet, que le temps périscolaire et extrascolaire était tout aussi essentiel que le temps scolaire dans l'épanouissement d'un enfant, et que, dans l'intérêt de l'enfant, qui seul doit nous préoccuper aujourd'hui, il était donc important de décloisonner ces temps. Mais elles craignent que le décloisonnement porte atteinte à leur statut – qu'elles n'ont d'ailleurs pas encore véritablement aujourd'hui. Vous voyez le danger, qui tient au fait que les pouvoirs publics ne se sont en réalité jamais vraiment intéressés à leur positionnement. Elles nourrissent une angoisse qui peut parfois les conduire dans une direction différente de ce que nous souhaiterions pour l'inclusion. Je ne les accable pas un seul instant car tout cela est le résultat de notre incapacité à gérer leur situation. Mon pari, ma conviction, c'est que, dès lors que nous aurons sécurisé leur statut, leurs inquiétudes se dissiperont.
Le décloisonnement des temps est un défi colossal, et il faut pour le relever des intervenants qui puissent intervenir sur tous les temps. J'adhérerais totalement à l'idée qu'une formation au sujet du handicap soit dispensée, comme pour les enseignants, dans le corpus de formation du BAFA.