Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 9 octobre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Aucun de vos arguments, qu'ils soient financiers ou stratégiques, ne nous ont convaincus. C'est une erreur de calcul et une erreur stratégique à long terme. Imaginez qu'en 1948, le Parlement ait décidé de privatiser pour soixante-dix ans un élément stratégique de la France et que nous ayons aujourd'hui à regarder ce qu'il en est. C'est ce que nous sommes en train de faire alors que, sur les plans économique, politique et climatique, nous sommes à la veille de bouleversements sans commune mesure avec le passé. Nous étions favorables à la création d'un fonds d'innovation, pas à son alimentation par ce mauvais calcul stratégique, par ces deux privatisations. Elles justifieront, à elles seules, notre refus de voter ce projet de loi.

Mais l'autre enjeu, c'était la bataille culturelle autour des missions de l'entreprise au XXIe siècle et du rôle de l'État. Nous avons, les uns et les autres, souvent employé les mêmes mots, mais ils cachaient des réalités et des visées malheureusement différentes – même s'il est vrai que nous avons progressé dans le dialogue, un beau dialogue culturel.

Non, nous n'avons pas la même vision de la réforme du code civil : ce n'est pas la même chose de prendre en compte les enjeux que de prendre en compte les conséquences économiques et sociales de l'entreprise. Non, la co-détermination à dose homéopathique, telle que proposée, n'est pas à la hauteur de ce qu'ont fait en la matière la plupart des grands pays européens en installant le partage du pouvoir avec les salariés. Non, vous n'avez pas remis en cause le label RSE alors qu'il devrait devenir public et un gouvernail de l'éthique dans les entreprises de demain. Non, vous n'avez pas accompli la promesse de la société de mission telle que nous la voulions, véritablement co-déterminée et laboratoire de transformations au sein de l'entreprise.

Bref, nous sommes le jour d'après des élections au Brésil, le jour d'après le nouveau rapport du GIEC, et nous devions inventer l'entreprise du XXIe siècle. Notre groupe est absolument convaincu qu'il aurait fallu des mesures plus radicales qui fassent du salarié non pas un objet de redistribution à la marge, mais le sujet de la transformation de l'entreprise et du monde du travail. Nous sommes absolument convaincus que cette question est la bataille de notre génération : nous devons bâtir un modèle d'entreprise français et européen, qui se distingue du capitalisme d'État asiatique et du néolibéralisme anglo-saxon, et qui fasse de l'éthique le véritable gouvernail de sa performance et des défis du temps présent.

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