Il est bon de rappeler que le corps humain n'est par une marchandise et que les donneurs de sang ne sont donc pas rémunérés. Le don repose évidemment sur la gratuité et le volontariat mais aussi l'anonymat, et il est régi par des principes de sécurité. Cette gratuité doit être protégée car elle a une double valeur, à la fois symbolique et sociale : symbolique, parce que notre système français est très attaché à la solidarité nationale et à la solidarité, valeurs qui doivent continuer à être transmises par des actes concrets ; sociale, parce que, dans un contexte d'hyperconsommation, où tout se vend et s'achète, la marchandisation des produits du corps humain est un risque réel, et il importe de protéger la société d'une telle dérive, car ce sont les plus démunis qui en feraient assurément les frais.
Une brèche a été ouverte en 2014, avec l'autorisation par le Conseil d'État de la commercialisation du plasma thérapeutique par les industriels du médicament. Le plasma viro-inactivé a désormais un statut de médicament et peut donc être distribué et vendu librement dans toute l'Union européenne. De plus, face à la pénurie qui guette les régions les moins peuplées de France, des voix s'élèvent depuis quelque temps déjà pour demander une forme de rémunération symbolique du don du sang. Une telle rémunération serait incitative et correspondrait mieux, d'après ses partisans, à nos mentalités modernes. À titre personnel, je ne peux me résoudre à une telle marchandisation, car je vois bien autour de moi que de magnifiques élans de générosité persistent. Les jeunes âgés de vingt à vingt-neuf ans représentent aujourd'hui 25 % des donneurs de sang. Nous pouvons donc fonder nos espoirs sur la jeunesse française.