Concernant votre interrogation sur les outils fiscaux d'aide à la rénovation, malheureusement je crains que cela ne dépasse les compétences du CSTB. Autant le CSTB peut analyser l'efficacité de tel ou tel processus de travaux, autant il n'a ni la compétence, ni la légitimité, pour dire quelle quantité d'argent public on doit injecter dans une politique publique. C'est une prérogative du Parlement qui vote la loi de finances. Le CSTB a encore moins la légitimité pour dire comment cela doit être fait. Il y a des gens très compétents dans les administrations centrales sur le sujet. C'est à elles de déterminer les bons outils entre les différents choix qu'ils ont à leur main.
Concernant l'intelligence artificielle, nous avons deux grands champs dans le secteur du bâtiment : le champ de la construction des villes ou des bâtiments, et le champ de leur exploitation. Aujourd'hui, nous constatons que la phase amont de construction est très peu génératrice de données. Le développement des outils numériques permettra progressivement de constituer des données, de les structurer, d'avoir la capacité de les collecter et de les organiser, et, par la suite, très probablement au travers des outils de l'intelligence artificielle, la possibilité de les analyser, et d'en tirer un certain nombre de conséquences, notamment sur la pertinence des outils réglementaires.
Sur ces sujets, nous sommes vraiment dans une phase exploratoire, visant à constituer des données au travers, d'une part, des observatoires que nous pouvons être amenés à gérer, d'autre part, des travaux que nous avons conduits sur la transformation d'un certain nombre de règles de construction en algorithmes, avec une double logique : dans un premier temps, simplifier l'acte de construction grâce à la possibilité de contrôles semi-automatisés du respect de ces règles ; dans un second temps, analyser simplement les écarts constatés entre les règles et les réalisations. Il s'agit d'interroger la pertinence et la clarté des règles, pour déterminer si elles doivent éventuellement être adaptées. C'est un secteur à la fois très prometteur et nécessitant un travail de très longue haleine.
Concernant la phase d'exploitation du bâtiment, chacun d'entre nous génère une masse de données phénoménale. Un certain nombre d'acteurs, notamment les géants de l'internet s'interrogent sur la manière d'utiliser ces données qu'ils collectent quasiment naturellement. Il y aura là des opportunités phénoménales de développement de nouveaux services, pour le meilleur et pour le pire. À ce stade, je ne suis pas en capacité de dire comment ces données seront utilisées.
Pour le CSTB, sur la partie occupation d'un bâtiment, le Parlement a voté, dans le cadre du projet de loi évolution du logement et aménagement numérique (ELAN), la constitution d'un observatoire qui centralise l'ensemble des diagnostics réalisés dans les logements. Cette première étape était d'ailleurs une préconisation de la note de l'Office, et a fait l'objet d'un amendement cosigné par Cédric Villani. Nous disposerons ainsi d'un véritable lieu d'observation de l'état du bâtiment, qui plus est un lieu d'observation dynamique, puisque ces diagnostics sont réalisés à intervalles réguliers. Lorsque cet observatoire sera mis en place, je ne doute pas qu'il constituera une base sur laquelle nous pourrons exploiter tous les atouts de l'intelligence artificielle, pour aider à améliorer la qualité des logements de nos concitoyens, et moderniser la politique publique.