Intervention de étienne Crépon

Réunion du jeudi 27 septembre 2018 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

étienne Crépon, président du CSTB :

Cet exemple concernant l'amiante est, pour moi, très emblématique d'un sujet que nous devons avoir collectivement en tête. Sans tomber dans le catastrophisme sensationnel, nous savons qu'il y aura un accroissement de la fréquence des événements climatiques exceptionnels. Ceux-ci auront, d'une manière ou d'une autre, un impact sur notre cadre bâti. Dans une vie antérieure, j'ai dû gérer des crises de ce type-là, et échanger sur la gestion dans d'autres pays européens. Aujourd'hui, même si la France est mieux armée que la plupart de ses voisins, collectivement nous n'avons pas l'organisation, les outils et les processus, pour parvenir, face à un événement exceptionnel, à régler très vite les problèmes.

Cet exemple est significatif. Cette vague de grêle a fait exploser les hangars agricoles et les préaux des écoles, ce qui a nécessité de passer de quelques salariés qualifiés sur l'amiante à, ponctuellement, dix, cinquante ou cent fois plus, pour faire face à la crise. Nous devons y réfléchir collectivement. J'estime qu'en la matière la France a très largement les moyens, et qu'elle est plutôt en avance par rapport aux autres pays développés.

Concernant l'augmentation de la recherche et de l'effort de R&D dans le secteur de la construction, il n'existe aucune martingale. Je ne suis pas convaincu que la réponse passe par une pure substitution du déficit d'effort privé par un supplément d'effort public. Par le passé, on a pu constater qu'une démarche qui fonctionnait, ou en tout cas qui portait des prémisses de résultats, consistait à créer une dynamique collective, que son organisation soit à l'initiative de l'État ou des acteurs eux-mêmes. C'est ce que le Gouvernement a fait au travers du plan de transition numérique du bâtiment. Doté d'une très petite enveloppe d'une vingtaine de millions d'euros, ce plan a généré une dynamique collective de l'ensemble des acteurs. Celle-ci a créé une mobilisation et un effort de recherche – aujourd'hui difficilement quantifiable – allant très nettement au-delà du plan.

C'est la même logique de démarche collective qui a été portée par l'État au travers du plan de recherche et de développement de l'amiante, avec probablement un peu moins de succès, le sujet de l'amiante étant moins attractif que celui du numérique.

Ce type de démarche, qui consiste à mobiliser la filière sur certains sujets, correspond vraiment à la culture du secteur du bâtiment et fournit un certain nombre de résultats. Tout l'enjeu est d'identifier les sujets stratégiques autour desquels nous saurons créer une dynamique pour que les acteurs se mobilisent.

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