Vous jouez sur les catégories sociales en faisant des transferts massifs. Nous sommes passés de la politique du « en même temps » à celle du « pas tout à fait » : on ne va pas jusqu'au bout des choses.
Vous supprimez la taxe d'habitation, mais pas pour tous, et dans des conditions étonnantes, sur lesquelles je reviendrai. Vous voulez baisser le coût du travail des non-qualifiés, mais vous remettez à plus tard les allégements prévus sur les bas salaires, alors que c'est là le coeur du chômage français. Vous poursuivez la baisse de l'impôt sur les sociétés, mesure qu'avait fait voter François Hollande, mais augmentez le cinquième acompte de cet impôt pour de nombreuses entreprises de taille intermédiaire – ETI – et PME. Vous transformez le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi en baisse de charges, mais vous ne neutralisez pas l'effet considérable de cette mesure sur l'impôt sur les sociétés. C'est, en fait, l'affichage d'une politique, suivie de mesures ponctuelles ou des résultats à contre-sens de cette politique.
Aujourd'hui, monsieur le ministre chargé du budget, vous lancez, avec le Premier ministre, un débat assez surréaliste sur la taxe d'habitation : sous prétexte que certains Français ne sont pas concernés par la baisse cette année, vous en faites immédiatement porter la responsabilité à vos anciens collègues : les maires – au moment même où les relations avec les collectivités locales sont largement dégradées. Or, comme vous devez le savoir, les maires n'augmentent jamais les impôts par plaisir.
Pire, vous pointez du doigt des collectivités en citant des noms – c'est probablement votre culture du « name and shame ».