Heureusement, ce qu'il en reste est quand même capable de pallier l'absence de ministre de l'intérieur depuis quelques semaines – ou peut-être quelques mois, d'ailleurs, vu l'efficacité de Gérard Collomb ! Et je n'ai pas parlé du budget de l'agriculture, qui baisse de 10,8 % : c'est une catastrophe !
Sur ces questions budgétaires, je souhaite m'attarder sur le ministère de l'écologie. Le nouveau budget du ministère de l'écologie s'établit à 10,59 milliards d'euros, contre 10,39 : corrigé de l'inflation, cela représente une maigre hausse de 0,2 %. Pourtant, vous avez programmé la suppression de 1 078 postes au niveau du ministère, soit 2 % de la masse totale. Certains opérateurs sont en souffrance : agences de l'eau, Météo France, CEREMA – Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement – , INERIS – Institut national de l'environnement industriel et des risques. Alors que ces opérateurs subiront 1 % de baisse d'emplois, tous nous disent qu'ils ne savent plus comment ils réussiront à accomplir leur mission – je suis le rapporteur spécial sur ce sujet.
Je fais cet aparté pour une bonne raison : vous ne pouvez pas, d'un côté, dire que la question du climat et de l'environnement est la question urgente, principale, et d'un autre côté réduire le personnel du ministère de l'écologie. Vous avez même réduit le nombre d'emplois à l'INERIS, l'institut national qui s'occupe justement de la gestion des risques industriels.
Il est difficile de ne pas mettre cela en parallèle avec le drame qui touche l'Aude aujourd'hui. Bien évidemment, je ne veux pas faire de récupération des événements en cours, et notamment de l'annonce de la disparition de plusieurs de nos concitoyens. C'est un drame, le Premier ministre s'est rendu sur place : c'est fort bien. Mais nous savons tous qu'il y aura de plus en plus de catastrophes climatiques ; même si nous parvenions à limiter le réchauffement climatique – et ce n'est pas ce que votre politique prépare – , nous savons que ces catastrophes climatiques se produiront. Vous ne pouvez pas justifier la baisse du budget concernant la gestion des risques : ce n'est pas possible ! Des amendements seront proposés ; j'espère que vous retrouverez un peu de lucidité et reviendrez sur ce genre de décisions. Si vous le voulez, je vous invite à auditionner le directeur chargé de la gestion des risques, ou des responsables de l'INERIS, qui vous expliqueront à quel point tout cela est problématique pour l'avenir. J'en termine avec cet aparté, destiné à montrer à quel point la situation est devenue ubuesque concernant la baisse des dépenses publiques.
Dans le même temps où les dépenses publiques baissent, on fait toujours plus de cadeaux aux grosses entreprises – 23,5 milliards d'euros de cadeaux supplémentaires par rapport à 2018 au titre de la transformation du CICE en baisses de cotisations. Nous savons que le CICE coûtera carrément deux fois plus cher en 2019 : ce sont 40 milliards qui seront donnés, encore une fois sans être assortis d'aucune contrainte, d'aucun fléchage.
Monsieur Le Maire, rappelez-vous ce que vous nous aviez répondu l'an dernier quand nous vous avions demandé comment vous alliez faire pour que cet argent s'oriente vers l'investissement : « c'est le bon sens ». Un an après, constatez avec moi que le bon sens n'est pas au rendez-vous et s'il n'est pas là, c'est parce que la logique de ce système n'est pas de servir l'intérêt général. La logique de ce système, du fait notamment de la concurrence entre entreprises cotées en bourse, c'est d'alimenter au maximum la rente capitaliste.