Si notre revendication principale est, comme vous l'avez compris, l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, nous estimons que d'autres sujets mériteraient également d'être traités, afin d'offrir davantage de cohérence au dispositif.
Citons tout d'abord la levée de l'anonymat des donneurs de gamètes et la possibilité d'accès aux origines : nous sommes favorables aux idées présentées par l'association « PMAnonyme », qui oeuvre depuis longtemps dans ce domaine, et par l'association « Origines », récemment créée, que vous recevez bientôt. Nous pensons que leurs propositions sont très intéressantes, notamment pour ce qui concerne les enfants nés avant la loi, sujet peu évoqué par l'avis du CCNE.
Concernant l'autoconservation ovocytaire, nous y sommes favorables, dans les termes présentés par le Réseau Fertilité France, que vous allez également rencontrer, et repris par le CCNE.
La question du manque de gamètes apparaît également comme un sujet de préoccupation légitime. Le rapport d'activité de l'Agence de la biomédecine, publié le 20 septembre, indique que les dons de sperme et d'ovocytes ont augmenté respectivement de 42 % et 38 % l'année dernière, grâce à une seule campagne de communication, qui n'a duré qu'un mois. Cela montre qu'il existe une marge de progression considérable. Il faut noter en outre que dans l'hypothèse où la PMA serait ouverte à toutes, il serait envisageable de faire transférer d'autres pays les gamètes que nous n'utiliserions plus là-bas, puisque nous n'aurions plus à nous y rendre.
La levée de l'anonymat a, dans les pays où elle a eu lieu, fait augmenter le don de sperme, au bout généralement d'une année, et s'est traduite par un changement du profil des donneurs.
La mise en oeuvre de l'autoconservation ovocytaire devrait également permettre d'augmenter les dons : en effet, certaines des femmes ayant autoconservé leurs ovocytes procréeront sans doute naturellement et pourront ainsi faire don de leurs ovocytes conservés à d'autres femmes. Elise de La Rochebrochard, chercheuse à l'Institut national d'études démographiques (INED) et spécialiste de la question, estime dans un entretien récent publié dans Le Monde, que « l'adoption d'un nouveau modèle de PMA, plus en adéquation avec les valeurs actuelles de la société, devrait susciter de nouvelles vocations de donneurs ». Le point positif de tout ce débat autour de la PMA pour toutes est selon nous d'avoir le mérite d'alerter et de sensibiliser l'opinion publique sur la question du besoin en gamètes.
Concernant le diagnostic préimplantatoire (DPI), nous sommes tout à fait favorables aux préconisations du professeur René Frydman et du collectif de médecins qui avait signé un manifeste dans Le Monde en mars 2016, suggérant d'avoir recours à cette technique essentiellement dans les cas de personnes ayant rencontré plusieurs échecs.
Nous laissons le mot de la fin à la maman solo d'un enfant devenu grand aujourd'hui.