La première question portait sur d'éventuelles études prévues sur l'évolution sociale et intellectuelle de nos enfants. Il faut savoir qu'une petite centaine d'enfants seulement naissent chaque année d'une PMA solo. Des études similaires à celles menées par Susan Golombok ne pourraient ainsi porter que sur un nombre limité d'enfants. Mon fils a été suivi pendant un an par le Réseau d'aides spécialisées aux enfants en difficulté (RASED) ; on m'avait conseillé alors, dans le mesure où il n'avait pas de papa, de consulter un pédopsychiatre. Il en garde peu de souvenirs, si ce n'est qu'il était ravi d'aller dans la classe du seul instituteur de l'école, les autres étant des femmes. Personnellement, j'ai trouvé un peu stigmatisant que l'on étudie mon fils comme s'il était un cas et que l'on attribue systématiquement les éventuelles difficultés rencontrées en classe ou avec un professeur à sa situation familiale singulière. Il serait bien que ce genre d'argument puisse être balayé par des études sur le développement intellectuel des enfants, en relation avec le déroulement de la scolarité. Mon fils est actuellement dans une école d'ingénieurs et personne ne m'a jamais convoquée pour me signaler un quelconque problème de sociabilité.
Je suis par ailleurs un forum auquel contribuent quelque quarante mamans solos ayant des enfants adolescents et n'ai jamais entendu dire qu'ils étaient différents des autres enfants. Je me permets de rappeler ici la phrase de mon fils, que je citais en conclusion de mon intervention : « Si tu mets dix enfants devant toi, tu ne reconnaîtras pas celui qui est né d'une PMA, même en leur parlant à tous. » Nos enfants ne veulent pas être discriminés et se refusent à être des objets d'étude. C'est très important pour eux, que la société compare depuis vingt ans à Cosette et à Antoine Doinel. Arrivés à l'adolescence, ils lisent, étudient, regardent la télévision, vous écoutent, ont des cours d'éducation civique. Nous avions demandé, lors du premier colloque, au rapporteur Jean-Louis Touraine qu'il y ait beaucoup de respect à l'égard de nos enfants et qu'ils ne soient pas traités comme des sujets d'étude, des cas sociaux, mais comme des enfants comme les autres. Cela n'empêche pas que nous ayons écrit à Mme Schiappa pour lui demander d'être intégrées, parmi d'autres familles monoparentales, dans des études qui contribueront peut-être à donner une autre image de nos familles, à les reconsidérer et à aider ainsi les femmes qui se retrouvent malheureusement seules, sans l'avoir choisi, à élever leurs enfants. J'ai longtemps participé à un groupe de mamans solos à ce sujet.