Je vous remercie, monsieur Heisbourg, pour votre exposé et vous salue en voisin, en tant que député des Français de Suisse, puisque je vous sais très impliqué dans le Geneva Center for Security Policy (GCSP).
J'aimerais revenir sur vos propos concernant l'implication différentielle de la France dans les différentes régions du monde. Je ne suis pas d'accord avec cette position. Nous avons vu que le Président de la République s'est beaucoup investi en tant que médiateur dans des régions que d'aucuns auraient définies comme n'appartenant pas à notre zone d'influence. Je pense au Venezuela et au Levant. Là où la France n'est ni juge ni partie, elle peut jouer plus aisément le rôle de médiateur que d'autres pays.
Il y a aussi la prudence stratégique dont nous devons faire preuve pour anticiper les grands changements. Prenons l'économie verte et les rééquilibrages mondiaux que son développement induira : les champions de demain seront peut-être le Chili et la Bolivie, grands producteurs de lithium. Pensons aussi à la bombe à retardement que constitue le Nigeria. Pour faire face à ces mutations, la France ne devrait-elle pas s'impliquer un peu partout dans le monde ? Ne risque-t-elle pas, sinon, de se voir déposséder de son influence ?