Comme vous l'avez précisé, madame la présidente, nous avons reçu le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 cet après-midi à dix-sept heures quarante-huit, c'est-à-dire moins de quatre heures avant cette audition. Comment voulez-vous que nous posions des questions pertinentes sur un projet de loi que nous venons à peine de recevoir, qui compte 58 articles et 177 pages ? Nous devons rendre nos amendements après-demain ; comment voulez-vous que nous lisions l'ensemble du projet de loi, que nous fassions des arbitrages et que nous rédigions nos amendements en moins de quarante-huit heures ? Nous regrettons que notre demande de report ait été refusée, mais nous remercions notre présidente de l'avoir évoquée, et surtout d'avoir exprimé notre point de vue en demandant que, l'an prochain, les choses se déroulent différemment. Je sais, madame la ministre, monsieur le ministre, que vous n'êtes pas responsables et que la faute en incombe surtout à ce remaniement tant attendu…
Le PLFSS que vous nous proposez perpétue la maltraitance institutionnelle. Vous semblez vous satisfaire de ce que le régime général ait retrouvé l'équilibre, mais à quel prix ? Au prix, je le répète d'une forme de maltraitance institutionnelle. Vous n'avez tenu aucun compte du doublement du ratio soignants-résidents recommandé par le rapport que Monique Iborra et moi-même avons rendu sur les EHPAD. Vous nous dites que 360 millions d'euros supplémentaires leur seront consacrés entre 2019 et 2021, dont 125 millions dès 2019 : nous sommes loin des 8 milliards que chiffrait le rapport !
Que comptez-vous faire des 400 millions d'euros d'autorisations de dépenses gelées en début d'année, qui devaient initialement être restituées aux hôpitaux à la fin de l'année ? Allez-vous, par un jeu de passe-passe, les utiliser pour financer le plan Santé, alors que nos hôpitaux en ont cruellement besoin ? À l'hôpital psychiatrique Pinel d'Amiens, les membres du collectif Pinel, en grève depuis cent dix-huit jours, se sont aujourd'hui enchaînés aux entrées de l'ARS pour faire entendre leur détresse : qu'allez-vous leur dire ainsi qu'à tous les personnels en grève dans les hôpitaux de France ?
Vous annoncez quelques centaines de millions d'euros supplémentaires : à peine de quoi compenser l'inflation et bien moins que ce qu'il faudrait pour compenser les précédentes mesures d'austérité et faire face au vieillissement de notre population ainsi qu'à l'augmentation des maladies chroniques. Les économies demandées à l'assurance-maladie, se chiffrent en milliards, mais l'ONDAM n'augmente que de 0,2 point pour atteindre 2,5 %, alors qu'une augmentation de 4 % serait nécessaire.
Les soignants ont besoin d'un soutien pour avoir les moyens de traiter dignement les patients. Quant aux hôpitaux, ils sont paralysés par leurs 30 milliards de dettes.
Pour ce qui est des annonces sur le grand âge et l'autonomie, je m'en réjouis, mais comment ferons-nous avant que le projet de loi soit débattu fin 2019 ? Je voudrais ici avoir une pensée pour le radiologue de l'hôpital de Châteauroux, qui s'est suicidé ce matin, victime d'un burn-out.