S'agissant de l'évolution de l'institution, il est vrai que l'UNAF a pris acte de l'engagement du Président de la République sur la question de la PMA, ce qui ne veut pas dire que cette pratique ne soulève pas d'interrogations. Mais ce qui nous paraît très important, c'est qu'au moment où le législateur prendra une décision, il puisse bien réfléchir une fois de plus aux conséquences que nous avons soulignées dans notre intervention.
Je ne suis pas sûre que nous ayons dit que le besoin d'enfant soit nécessairement plus important aujourd'hui. En revanche, que les aspirations individuelles soient très fortes me paraît évident, de même que le fait que tout cadre fixé soit vécu comme une restriction toujours moins bien acceptée. Cela constitue peut-être l'évolution de la plus notable.
En ce qui concerne le besoin de gamètes, le problème est de savoir si la situation est inexorable, et c'est pourquoi nous avons beaucoup insisté sur l'autoconservation des ovocytes. La question posée est celle de la grossesse des femmes, du fait qu'elles travaillent en plus grand nombre qu'autrefois, ainsi que de savoir s'il est inéluctable qu'elles sacrifient une part de leur projet professionnel au profit de leur vie familiale – ce qui se produit en Allemagne où 40 % des femmes cadres ne pourront pas avoir d'enfant.
Nous pourrions accepter ce modèle qui implique un recul de l'horloge biologique nécessitant le recours à d'autres moyens de conception. Mais nous pouvons aussi considérer qu'il revient à la société et aux politiques publiques de faire en sorte que des jeunes femmes puissent à la fois s'épanouir dans leur vie professionnelle et dans leur désir d'enfant.
Il est en outre très clair à nos yeux que les enfants ne doivent pas être victimes d'inégalités qui seraient fonction des projets parentaux, question qui se pose particulièrement pour la GPA. On nous oppose régulièrement que ces enfants sont là, qu'ils ont été conçus ainsi, que l'on ne leur a pas demandé leur avis, qu'ils vivent sur le territoire national et qu'il n'y a donc pas de raison de prévoir pour eux un régime différent.
Tout cela est exact, mais la question qui se pose à nous est de savoir comment renforcer l'interdit pesant sur la GPA afin d'éviter que ces situations ne soient créées ; car cette pratique est à l'origine de situations problématiques auxquelles nous devons répondre par la suite. Notre position, assez largement partagée, est donc qu'il conviendrait d'interdire purement et simplement la GPA.