Intervention de Mathilde Panot

Réunion du mardi 16 octobre 2018 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot, rapporteure pour avis sur les politiques de développement durable :

Monsieur le ministre d'État, le Président de la République a récemment déclaré que ceux qui souhaitaient une assemblée constituante et un changement de République n'aimaient pas l'État. Il visait explicitement, bien sûr, La France insoumise, mais cette petite pique est particulièrement déplacée de la part du chef de ceux qui ont entrepris de détruire l'État et d'enterrer la République sociale.

Ceux qui détruisent l'État, monsieur le ministre, n'aiment pas l'humanité. À l'heure du dépassement de la plupart des limites écologiques, nous avons plus que jamais besoin de puissance publique. Entre le ministère et les opérateurs, 13 250 emplois ont été supprimés depuis 2013, c'est énorme.

La prévention des risques ou la capacité à expertiser de façon indépendante des projets qui affectent l'environnement en souffrent considérablement. Là où il faudrait investir pour mener à bien la planification écologique qui s'impose, vous sabrez sans aucun état d'âme. Vous pensez sans doute que l'action publique peut s'exercer magiquement, mais l'État est composé de personnes au service de l'intérêt général, de fonctionnaires bien souvent dévoués. Êtes-vous étonné que le dévouement trouve ses limites après des années de gel de l'indice de rémunération ? Je ne jette pas la pierre aux ingénieurs de très haut niveau qui finissent par jeter l'éponge, témoins de la dégradation des services de l'État, et de celle de leur pouvoir d'achat. Rien que l'an passé, cent quarante-six ingénieurs du niveau de l'École polytechnique ont quitté le ministère, dont vingt-trois pour le privé.

Avec vos méthodes brillantes de gestion, que vous et vos prédécesseurs avez appliquées aux services de l'État, vous le privez de sa capacité d'expertise indépendante et enjoignez ensuite les établissements publics et les collectivités territoriales à faire appel à des cabinets privés ruineux. Toujours et encore la même ligne de conduite de votre part : dépouiller l'État et enchaîner la République à des intérêts privés.

Monsieur le ministre, votre planète de nouveau grande, vous ne l'aurez pas à coup de pioche dans les structures de l'État. En 2019, vous allez encore supprimer 1 070 postes. Quand donc allez-vous cesser de saper les instruments essentiels de la politique de l'État ? Quand allez-vous arrêter de nous faire croire que nous ferons plus d'écologie avec moins de moyens humains ?

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