Madame la ministre, depuis plus de cent jours, des soignants et des familles campent devant l'hôpital psychiatrique Philippe Pinel, à Amiens. Au Havre, c'est le toit de l'hôpital psychiatrique que les « perchés » ont occupé, au printemps. Plus tragique, encore, au Rouvray, c'est par une grève de la faim qui a mis leur santé en danger que les « blouses noires » ont protesté, sans mentionner les mouvements de Niort, Sainte-Anne, Vierzon, Toulouse ou Dijon.
Le journal Le Monde titrait : « La psychiatrie, un secteur en état d'urgence ». Vous-même, madame la ministre, le reconnaissiez, la psychiatrie est « le parent pauvre de la médecine ».
Mais ce parent pauvre, vous continuez de l'appauvrir. Votre plan Ma santé 2022 ne contient aucune mesure pour la psychiatrie. Ce mot n'apparaît même pas dans vos dix mesures phares.
On attendait donc avec attention votre budget. Et que venez-vous d'annoncer, madame la ministre ? Une aide exceptionnelle pour la psychiatrie, de 200 millions d'euros. Vous avez prononcé la somme distinctement, pour qu'on mesure l'effort : « 200 millions d'euros ».
C'est une aumône. Une obole. Ce n'est pas à la hauteur, quand on regarde la carte de France des hôpitaux en grève. Ce n'est pas à la hauteur quand, en même temps, vous débloquez cent fois plus, 24 milliards d'euros, pour pérenniser le nullissime, l'inefficace crédit d'impôt compétitivité emploi. Ce n'est pas à la hauteur alors que vous et vos prédécesseurs, les ministres de la santé successifs, ont gelé, fait baisser les budgets de la psychiatrie publique depuis au moins vingt ans : des milliards de perdus pour les hôpitaux psychiatriques.
Ce n'est pas à la hauteur lorsque les patients, les familles, les soignants eux-mêmes ont un sentiment de maltraitance institutionnelle, qui est la conséquence de votre maltraitance budgétaire. Voilà pourquoi nous ne voterons pas ce budget.