Ou feignez-vous de ne pas comprendre ? Je vais donc revenir sur trois jours. Trois jours cet été. Trois jours qui devraient faire scandale.
Le dimanche 8 juillet, à la radio, qu'entendait-on sur France Info ? L'usine Sanofi de Mourenx, près de Pau, rejette dans l'atmosphère 190 000 fois plus de bromopropane, une substance cancérigène, que les normes autorisées. 190 000 fois plus ! Ces rejets duraient depuis des mois, voire, selon le préfet, depuis des décennies en catimini.
Le lendemain, lundi 9 juillet, me parvient cette information : le Dolder sera, le soir même, reçu par Emmanuel Macron à l'Élysée. Qu'est-ce que le Dolder ? Un club très privé, voire secret, qui rassemble les vingt-cinq plus gros labos du monde, les Merck, les Pfizer, les Novartis. Et cette année, à Paris, c'est Olivier Brandicourt, le directeur général de Sanofi, qui préside.
Quel coup de bol ! pensai-je ! Notre président va taper du poing sur la table ! On le connaît, Manu : il sait parler cash aux « Gaulois réfractaires », aux « chômeurs qui n'ont qu'à traverser la rue », aux « retraités qui se plaignent sans cesse ».
Alors, il va leur dire tout net, à Sanofi aussi : « Maintenant, vous allez arrêter les bêtises, hein ! À Mourenx, vous allez investir dans la sécurité, me remettre l'usine d'équerre sans chipoter. Mais c'est pas tout. Qu'est-ce que vous avez fichu avec la dépakine ? Vous saviez. Vous saviez que, chez le foetus, la dépakine augmente les risques d'autisme. Vous le saviez depuis vingt ans. Vous le saviez, et vous n'avez rien dit, vous avez continué à prescrire la dépakine aux femmes enceintes.
Pour quel résultat ? 30 000 enfants, au moins, 30 000 enfants qui souffrent d'autisme, 30 000 familles touchées. Et vous, vous refusez de payer ? À vos actionnaires, vous versez un pognon de dingue, 6 milliards d'euros, 6 milliards en une seule année, 90 fois le Téléthon ! 6 milliards d'euros mais rien pour vos victimes ? Zéro indemnité ?
C'est l'État qui paiera, dites-vous. Aux Français de régler vos saletés.
Vous vous moquez de qui ? Alors, je vous préviens, vous allez me changer tout ça. Et très vite. Sinon, ça sera des perquisitions partout, sur tous vos sites, chez vous, dans vos résidences secondaires, à la mer, à la montagne. Vous enlèverez la cravate, la ceinture, les lacets, et garde à vue pour tout le monde, pour tout votre conseil d'administration ».