Si les intentions sont positives, nos attentes sont déçues, malgré quelques mesures appréciables telles que l'extension du congé maternité aux agricultrices et aux travailleuses indépendantes, votre marche arrière sur la suppression du dispositif d'exonération de charges sur les travailleurs saisonniers, ou encore le redéploiement des examens de santé obligatoires des enfants.
Le débat qui s'engage aujourd'hui sera pourtant l'occasion de montrer les apparences trompeuses ou imprécises de vos ambitions. On ne peut laisser se diffuser l'idée que les Français seraient gagnants avec vos choix. C'est malheureusement bien le contraire pour une majorité d'entre eux, en particulier pour les plus modestes et les classes moyennes.
Ce texte est censé porter les premières mesures des différents plans annoncés ces dernières semaines : la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, la stratégie nationale de santé 2018-2022 et la concertation pour le grand âge et l'autonomie. Cependant, il s'inscrit dans la continuité du PLFSS précédent : il ne marque aucune rupture avec la logique libérale de votre politique depuis le début du quinquennat. Cette logique se concrétise d'ailleurs par une diminution des crédits alloués aux politiques sociales ; elle abîme incontestablement le pouvoir d'achat des Français et, par voie de conséquence, réduit les chances d'une reprise économique.
Une autre voie est possible. J'en veux pour preuve les choix audacieux et progressistes de certains de nos partenaires confrontés aux mêmes contraintes édictées par l'Union européenne. C'est le cas du gouvernement espagnol, qui prévoit de relever le salaire minimum et d'indexer les pensions de retraites sur l'inflation, au moment où vous-mêmes préférez supprimer cette indexation.
Parmi les mesures les plus contestables de votre budget, la revalorisation différenciée des prestations sociales est certainement la plus regrettable dans le contexte actuel de creusement des inégalités et de réduction du pouvoir d'achat. Vous prévoyez, au cours des deux prochaines années, une revalorisation des prestations sociales – retraites, allocations familiales et APL – de 0,3 % par an. Nous devrions plutôt parler d'un quasi-gel puisque ce pourcentage est très inférieur, voire nul, compte tenu des perspectives d'inflation. Cette mesure est en contradiction avec le retour à l'excédent de la branche famille. Elle est injuste car elle met à contribution toutes les familles sans distinction.