Maternité de Longjumeau : en grève illimitée. Urgences de Besançon : en grève. Hôpital de Chalon-sur-Saône : en grève. Hôpital psychiatrique Pinel d'Amiens : en grève depuis quatre mois. Hôpital de Guingamp : en grève illimitée. Les EHPAD publics du Havre : en grève. EHPAD d'Eu : en grève. Hôpital du Puy-en-Velay : en grève. Hôpitaux de Brabois à Nancy : en lutte. Hôpital de Niort : en grève. Hôpital de Vierzon : en grève. Centre hospitalier universitaire de Toulouse : en grève. La semaine dernière, 600 membres du personnel de l'hôpital de Chalon-sur-Saône et des EHPAD publics étaient en grève. Le même jour, le chef de service du CHU de Clermont-Ferrand a démissionné. À l'hôpital de Saint-Brieuc, 116 médecins ont démissionné des commissions de l'établissement. Et encore tant d'autres exemples !
Madame la ministre, chers collègues de la majorité, nos hôpitaux et nos EHPAD vont mal. C'est cette réalité qui se cache derrière la fin du déficit de la sécurité sociale, dont vous vous félicitez. Rétablissons une once de vérité : notre système de santé est à l'image des EHPAD privés lucratifs, une vaste supercherie dont je ne mesurais pas l'ampleur avant de mettre les pieds dans cette assemblée !
Que va devenir le déficit de la sécurité sociale ? Va-t-il vraiment disparaître ? Il sera, pour l'essentiel, transféré à une caisse : la CADES – Caisse d'amortissement de la dette sociale. En 2019, celle-ci sera endettée à hauteur de 89 milliards d'euros. Personne ici ne l'ignore, comme personne n'ignore non plus que cette dette de 89 milliards d'euros est actuellement remboursée en faisant la poche de tous les Français, y compris des retraités, via la CSG et à la CRDS. Or la CADES émet des titres financiers avec la dette sociale sans aucune transparence ; l'opacité règne. Nous savons simplement qu'entre 1996 et 2017, 52 milliards d'euros ont atterri, sous forme d'intérêts, dans la poche de créanciers inconnus.
Ce qui est vrai pour la dette sociale l'est aussi pour la sécurité sociale. L'esprit originel de ses fondateurs à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », a été complètement dévoyé. La hausse de la CSG sans précédent effectuée l'an dernier en est la triste illustration. C'est de plus en plus aux personnes malades, handicapées, retraitées que l'on demande de financer la sécurité sociale à la place des personnes aisées, en bonne santé, actives, qui vont bien.
Dans ces conditions d'austérité, que finance encore la sécurité sociale ? Si on lui en donnait les moyens en allant chercher l'argent là où il est, elle pourrait notamment financer notre système de santé. Mais nos hôpitaux sont au bord de la rupture. Endettés à hauteur de 30 milliards d'euros, les services tiennent uniquement grâce au bon vouloir, à l'humanité et à la motivation du personnel soignant.