Vous nous dites qu'il sera encore nécessaire de prendre du temps. Je n'ose croire une seule seconde que vous n'avez pas lu les conclusions du rapport que nous avons rendu au nom de la commission d'enquête, dans lequel quatre mesures d'urgence étaient préconisées. Depuis fin juin, vous avez tous les éléments en main. De quel temps avez-vous donc encore besoin ? De plus, vous étiez député sous la précédente législature et vous savez quel multirécidiviste je suis. Des propositions de loi pour endiguer la désertification médicale, j'en ai déposé souvent plus d'une !
J'en viens aux retraités. Prenez donc une seconde pour détacher les yeux de votre téléphone portable et m'écouter, monsieur Véran, car c'est important. Expliquez-moi comment vous ferez pour connaître le comportement des médecins retraités qui accepteront, au-delà de soixante-sept ans, âge de la retraite à taux plein pour un médecin, de donner deux, trois ou quatre jours de leur semaine pour soigner nos compatriotes ? Comptez-vous leur adresser une consultation citoyenne : « Si vous percevez 70 000 euros au titre de votre activité complémentaire, vous serez exonérés » ? Allons, cela ne tient pas la route une seule seconde !
Ne vous appuyez pas sur la DGOS ou la DREES – la direction générale de l'offre de soins et la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques – , madame la ministre, la seconde dépendant de Bercy et dont les chiffres datent de 2015 ! Lorsque je les ai auditionnées, elles ont été incapables de me fournir les chiffres de 2017 et de 2018 ! Les statistiques sont donc fausses ! Je vous le dis avec gravité, madame la ministre : vous avez des mesures d'urgence à prendre, alors portez-les !
Quant aux maisons de santé, on gère la pénurie. Vous avez tous oublié qu'il y avait naguère le même nombre de médecins qu'aujourd'hui pour 50 millions d'habitants. Ce n'est pas le nombre de médecins qui compte mais le nombre d'heures de médecine disponibles ! Les 35 heures sont passées par là, la médecine s'est réorganisée !