Intervention de Nicolas Hulot

Réunion du lundi 25 septembre 2017 à 16h00
Commission des affaires économiques

Nicolas Hulot, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Vous avez raison, Monsieur Fabien Di Filippo : si nous sommes les seuls à traiter un problème universel, cela ne servira pas à grand-chose. Mais il existe une feuille de route universelle qui a été écrite à la conférence de Paris. La France a pris des engagements ambitieux, mais certains pays qui n'ont pas forcément les mêmes capacités ni, surtout, les mêmes responsabilités historiques que nous, ont pris, toutes proportions gardées, des engagements largement supérieurs aux nôtres.

La transition doit être équitable et solidaire ; du reste, cette préoccupation sociale est inscrite dans l'intitulé de mon ministère. Mais les effets qu'aura cette transition sur ces 1 800 emplois – voire davantage, si l'on tient compte des emplois indirects – seront largement compensés, j'espère vous en convaincre, par ceux qui seront créés grâce au développement de nouvelles filières, notamment industrielles. J'ai pu constater, lors des visites que j'ai effectuées en tant qu'envoyé spécial du Président de la République, l'extraordinaire créativité de nos entreprises, et elle doit être encouragée. Ne parlons plus d'écologie punitive : la fiscalité doit être et incitative et dissuasive pour structurer les modes de production et de consommation. Ainsi, une trajectoire carbone est nécessaire pour créer un avantage compétitif en faveur de l'économie bas carbone.

Je crois que l'on ne soupçonne pas la révolution – pardon, le mot est un peu galvaudé – qui est en marche. Le modèle énergétique de demain n'aura plus rien à voir avec celui d'aujourd'hui, et il sera merveilleux si l'on parvient à le développer, car il favorisera une forme d'autoconsommation des citoyens et permettra de retrouver une certaine abondance énergétique grâce à la combinaison de l'intelligence numérique et du vent, du soleil, de la géothermie, de la biomasse, des vagues ou du gradient thermique des océans.

Cette révolution, certains ne l'ont pas perçue – contrairement aux Chinois, qui vont très vite. C'est pourquoi j'ai parlé de foi : si nous faisons les choses en petit, nous ne changerons rien. Mais si l'ensemble de la société – dans les secteurs du transport, du logement, de l'agriculture – a le même objectif, la contrainte climatique, j'en suis convaincu, contribuera à nous sortir de la crise économique : nous pouvons réindustrialiser la France grâce à ces filières. Mais attention ! Certains brevets naissent chez nous, grâce au Programme d'investissements d'avenir ou aux aides de BPIfrance, et vont se développer à l'étranger, précisément parce que nous n'avons pas la foi, parce que les investisseurs n'y croient pas.

J'ajoute, à l'intention de ceux qui doutent encore de la réalité du changement climatique, que la transition a une double vertu, car elle nous permettra également de nous épargner les externalités négatives liées à l'utilisation des énergies fossiles. À l'échelle mondiale, on accorde, sous forme de subventions et d'exonérations, environ 500 milliards de dollars aux énergies fossiles, qui, en termes d'externalités négatives, coûtent 5 000 milliards de dollars. Si l'on parvient à s'affranchir de nos importations d'énergies fossiles, ces sommes, qui couvrent pratiquement notre déficit budgétaire, pourront être investies dans l'éducation, la santé ou la formation.

Je voudrais que la France ait une grande vision dans ce domaine, et que cela suscite l'enthousiasme. La créativité est là ! Nous avons tout ce qu'il faut pour faire de cette contrainte une extraordinaire opportunité économique.

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