Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du vendredi 26 octobre 2018 à 9h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Article 27

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Je voulais profiter de cette discussion sur l'article 27 pour relayer ici l'appel des personnels de santé de la psychiatrie parisienne, qui sont mobilisés depuis le mois de septembre contre les conséquences négatives de la fusion de leurs établissements au sein d'un groupement hospitalier universitaire. Ces personnels ont publié l'appel suivant, à destination des usagers et des usagères, mais également des élus : « Chaque année, un Français sur cinq est affecté par un trouble psychiatrique. Nous sommes donc tous potentiellement concernés, directement ou non, par ce qui est en train de se dérouler au sein des trois établissements psychiatriques parisiens : un nouvel accord sur le temps de travail qui, en l'état, entraînera une nette dégradation de la qualité des soins. Désormais, par souci d'économies, nous allons perdre ce temps qui, jusqu'ici, nous permettait d'élaborer des projets personnalisés pour les patients, d'échanger sur des situations complexes en équipes pluridisciplinaires.

C'est cela que l'on souhaite, des soignants qui n'ont plus le temps de réfléchir ? Nous allons perdre ce temps qui, jusqu'ici, nous permettait d'accompagner au quotidien les patients qui le nécessitent afin de favoriser le retour de leur autonomie, d'être là pour recueillir la parole des patients, qui n'ont que nous pour les écouter. C'est cela que l'on souhaite, des soignants qui n'ont plus le temps d'être présents aux côtés des patients ? Nous allons perdre ce temps qui, jusqu'ici, nous permettait de récupérer, nous qui sommes en contact permanent avec la souffrance psychique, à qui l'on demande une écoute et une patience monumentales, tous les jours. C'est cela que l'on souhaite, des soignants épuisés, incapables de prendre du recul ? Nous allons perdre ce temps qui, jusqu'ici, nous permettait de recevoir les familles au téléphone, en entretien, sauf peut-être à la volée, entre deux prises de sang et une injection. C'est cela que l'on souhaite, des soignants qui n'ont plus le temps de rassurer les familles ? Nous ne comptons déjà pas nos heures. Qui pense à prendre soin des professionnels de soin ? »

Cet appel explique en partie pourquoi nous voterons contre cet article. Aujourd'hui, rien dans ce projet de loi ou dans le discours de la ministre ne nous permet de penser que la qualité des soins, le suivi des patients et l'accompagnement des soignants seront assurés. Il est donc important de soutenir les soignants et soignantes en lutte à Paris et ailleurs, en France, en s'opposant à l'adoption de cet article.

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