Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du vendredi 26 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Après l'article 29

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

Vous avez bien décrit, monsieur le rapporteur général, l'ambiance des urgences, où vous avez travaillé comme médecin. J'ajoute que les patients sont reçus dans une zone d'accueil et d'orientation, une ZAO, où tout le monde – hommes, femmes, enfants – est mélangé. Ils ne se rendent pas aux urgences pour leur plaisir, et ils ne veulent pas non plus attendre trop longtemps.

Je me permets de préciser le constat que vous avez dressé : en 1996, on comptabilisait 10 millions de passages aux urgences ; vingt-deux ans plus tard, ce nombre atteint 23 millions, sachant qu'il augmente effectivement de 3,5 % par an.

On constate, en outre, un réel déséquilibre entre les territoires en matière d'activité des services d'urgence : 20 % des unités d'urgence traitent moins de 15 000 passages par an et 63 % d'entre elles en traitent moins de 30 000 ; à l'opposé, 22 % des structures enregistrent plus de 40 000 passages par an et traitent 42 % du nombre total de passages. Il serait intéressant d'examiner ce phénomène de plus près.

Dans le même temps, en 2016, sur les 29 millions d'appels reçus par les SAMU, 4,5 millions sont restés sans réponse, soit 15 % d'entre eux, alors que l'objectif fixé par SAMU Urgences de France est clair : la proportion d'appels manqués ne doit pas dépasser 1 %.

Il conviendrait de réfléchir à un autre problème : le manque évident de médecins urgentistes. En 2015, l'Association des médecins urgentistes de France estimait qu'il manquait 750 médecins urgentistes sur le territoire.

Par votre amendement, vous proposez de réorienter vers la médecine de ville une fraction des 23 millions de patients accueillis chaque année aux urgences, ceux qui présentent les pathologies les moins graves. Nous avons longuement débattu de cette mesure. Nous pensons, pour notre part, que ce n'est pas nécessairement une solution miracle. Pour refonder notre système d'accueil d'urgence et résoudre les problèmes rencontrés par les équipes, il convient en effet d'agir sur plusieurs facteurs. En outre, les solutions varient bien souvent selon les structures, les organisations et les personnes.

Ce n'est pas un simple amendement – je pense que vous en êtes conscient – qui résoudra les tensions aux urgences. Il faut également agir en aval, en développant les centres de santé, en valorisant les gardes de nuit et en améliorant la gestion des lits.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.