Nous avons effectivement discuté de cette proposition en commission. Le jour même, elle a d'ailleurs fait l'objet d'un article dans un quotidien du soir. Depuis lors, nous avons pu échanger les uns et les autres avec des praticiens des urgences – où il se trouve que j'intervenais moi-même. Dans ma spécialité, si j'avais dû renvoyer les patients vers un médecin libéral, je n'aurais eu qu'un demi-psychiatre à qui les adresser en ville. Cette mesure n'aurait donc guère contribué à résoudre le problème, et cela vaut pour les autres spécialités.
Je constate une petite avancée par rapport au débat en commission : il est désormais proposé d'expérimenter la mesure. Encore faut-il qu'il n'y ait pas de biais dans l'expérimentation : les lieux où elle sera menée doivent être représentatifs à l'échelle nationale ; il ne doit pas s'agir uniquement de zones hyper-privilégiées. Car, s'il y a des zones sous-denses, il existe aussi des zones hyper-denses en praticiens.
Pour ma part, je reste très sceptique : la dimension d'accueil n'est pas prise en considération dans cette proposition. Il ne faut pas sous-estimer les urgences dites « ressenties » : ce sont réellement des urgences.
N'oublions pas non plus la dimension médico-légale, que les médecins doivent prendre en considération, ils le savent, chaque fois qu'ils interviennent aux urgences. En tant que praticien de terrain, je m'interroge : qui assumera la responsabilité médico-légale lorsque l'on aura fait sortir un patient des urgences, s'il y a un problème ensuite ?