Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du vendredi 26 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Après l'article 30

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

En réalité, le conventionnement sélectif a été mis en oeuvre pour réguler des professions sur-dotées, comme les infirmières ou les masseurs-kinésithérapeutes, qui n'avaient pas d'autre alternative. Mais, dans le cas des généralistes, le taux de fuite serait très élevé, d'abord parce qu'il n'existe pas de zone sur-dotée, je l'ai dit, et ensuite parce qu'ils peuvent choisir l'exercice salarié.

Aujourd'hui, 70 % des médecins qui sortent de formation sont des femmes – dont on sait qu'elles préfèrent l'exercice salarié. D'une façon générale, on constate une désaffection des médecins pour l'installation en libéral. Les jeunes médecins préfèrent effectuer des remplacements ; ils ne s'installent plus avant l'âge de trente-cinq ans. Votre proposition aggraverait encore cette désaffection. Aujourd'hui, le choix est tel en matière d'exercice salarié de la médecine, que ce soit dans la médecine du travail, la médecine scolaire, dans l'industrie, dans les centres de santé ou à l'hôpital – on manque de médecins hospitaliers – que les médecins ne choisiront pas d'aller s'installer dans les déserts médicaux.

Le problème est bien plus général : c'est un problème d'attractivité territoriale. Votre idée plaît, parce qu'elle est simpliste : comme toute idée simpliste, elle paraît de bon sens, alors qu'en réalité c'est une très mauvaise mesure.

Voilà pourquoi je suis défavorable à cet amendement.

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