Tout ce qui permettra d'engager un débat citoyen éclairé et permanent me semble positif. Notre pays manque de culture scientifique et technique. Certains sont informés et éclairés du fait de leur formation ou de leur activité professionnelle, mais l'ensemble de la population l'est insuffisamment. Si l'on veut créer les conditions d'un débat serein et apaisé, ces sujets doivent être constamment évoqués. Je suis d'accord avec vous : tous les sept ou huit ans, c'est bien trop long.
J'estime même que le législateur pourra difficilement tout anticiper tous les cinq ans, compte tenu de l'accélération des techniques. La loi doit donc en rester aux grands principes. Elle sera essentielle pour rassurer nos concitoyens, leur dire dans quel monde nous vivons et tracer celui dans lequel notre société veut évoluer. Ainsi, la santé est-elle un commerce régi par l'accord général sur le commerce et les services, ou est-elle plutôt un droit ? Dans ce cas, nous devons créer les conditions de son accessibilité à tous. Ces questions éthiques fondamentales, ces choix de société doivent revenir dans le débat public.
À l'occasion des dernières élections présidentielles et législatives, la Mutualité française avait lancé un grand débat participatif, « Place de la Santé », afin que nos concitoyens s'emparent à nouveau des questions de santé et qu'ils comprennent qu'elles ne sont pas réservées aux spécialistes, aux médecins, aux soignants ou aux mutuelles. Ces questions leur appartiennent et nous devons faire en sorte de les éclairer le mieux possible. Ils ont des choses à dire et nous ont fait part de leurs propositions.
Avec le président Thierry Baudet, nous avons pris l'engagement auprès du professeur Delfraissy de poursuivre cette réflexion sur l'éthique et d'interroger nos propres pratiques, en tant qu'offreur de soins, acteur de la prévention et assureur complémentaire de la prévoyance et de la perte d'autonomie. Nous souhaitons partager notre réflexion et éclairer les débats contemporains de société, afin que nos concitoyens puissent s'exprimer en connaissance de cause et, si possible, en toute sérénité. Il faut éviter les crispations que nous avons connues sur certaines grandes questions éthiques – mariage pour tous, interruption volontaire de grossesse (IVG), fin de vie ou PMA.