Madame la ministre, un historien qui vous est cher, je crois, Fernand Braudel, écrivait dans La Dynamique du capitalisme : « La seule solution d'une certaine grandeur française, c'est de faire l'Europe. » Dans la suite de la Revue stratégique et de la loi de programmation militaire, le projet de loi de finances 2019 est donc bien une première étape tournée vers la coopération européenne. En matière de défense, il semble bien en effet que l'Europe accélère : agence européenne de défense ; dotation d'un fonds européen de défense ; relance de la coopération structurée permanente (CSP), avec notamment dix-sept programmes ; et, bien sûr, initiative européenne d'intervention.
Cependant, si l'on regarde la répartition des dix-sept projets CSP, le bilan est éloquent : presque tous ces projets sont de type soutien et un seul porte sur des équipements, le projet de véhicule blindé de combat d'infanterie. Si le thème de l'autonomie stratégique européenne est à la mode actuellement, je crois nécessaire de rappeler que le défi français repose sur une dualité : nous devons concilier nos intérêts mondiaux et, en même temps, nos intérêts européens. Or bâtir les coopérations ad hoc n'est pas chose facile. Comment pouvez-vous traduire, de manière budgétaire, la volonté de coopération capacitaire, de partage de doctrines d'emploi, de mise en commun d'intérêts stratégiques, de recherche d'autonomie dans l'interdépendance au sein de l'OTAN ? Et, par-delà le budget 2019, quelles initiatives pouvez-vous prendre pour partager cette vision avec nos alliés européens ?