Monsieur Batut, le dispositif des brigades territoriales de contact est à développer. C'est pourquoi une grande partie des effectifs qui me seront accordés, voire leur quasi-totalité, y seront injectés. Nous poursuivrons nos efforts en ce sens, dans la mesure où ces brigades me paraissent être aujourd'hui la cible prioritaire en termes d'augmentation d'effectifs. S'agissant des postes saisonniers, cette année, pour des raisons d'ordre public, nous disposions de moins d'escadrons et en avons, de ce fait, moins créés.
Monsieur de la Verpillière, les gendarmes des pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie sont installés à proximité immédiate des centrales nucléaires de production d'électricité (CNPE). Ces unités de contre-terrorisme, dont l'effectif moyen s'élève à cinquante hommes, sont spécialement entraînées. Moniteurs d'intervention professionnels, ils sont lourdement équipés. S'ils s'entraînent beaucoup, ils peuvent également intervenir aux alentours des CNPE, dans le cadre quotidien des perquisitions ou des interpellations de forcenés, en parfait accord avec EDF. De fait, même si les 1 100 gendarmes des PSPG sont intégralement payés par EDF et dédiés aux CNPE, nous avons l'autorisation de les utiliser dans le cadre de la sécurité publique. Leur taux d'entraînement dépasse largement 50 %. Mais dès lors que ce n'est pas moi qui paie, je suis un peu moins regardant... (Sourires.)
Madame Gipson, vous m'avez inquiété en mentionnant le taux de 30 %, qui me semble très élevé. Il est vrai, cependant, que certains endroits souffrent d'un vrai déficit d'attractivité. Si l'on ne peut pas inventer une attractivité géographique, on peut néanmoins inciter les personnels. Aussi allons-nous créer un dispositif pour favoriser les stages dans ces unités, de sorte qu'un gendarme voulant devenir montagnard, pilote d'hélicoptère ou motocycliste aura plus de chances d'obtenir un stage dans ces unités-là que dans celles jugées plus attractives. C'est un moyen un peu détourné de donner de l'attractivité : on paie son écot au manque d'attractivité, mais l'on obtient, en contrepartie, un retour en termes de stage, de formation et d'avancement.
Une autre option à l'étude est celle de l'école de gradés, dont manquent ces unités. Je travaille actuellement avec le chef d'état-major des armées, afin d'intégrer chez nous une vingtaine de gradés, qui seraient formés en tant qu'officiers de police judiciaire (OPJ), puis injectés dans les unités, à la faveur d'un changement d'armée. Après cinq ou six ans dans ces unités non attractives, ils rejoindraient le cycle normal d'encadrement de la gendarmerie. Vingt gradés par an, cela en fait cent en cinq ans. Dotés chacun d'un contrat de cinq ans, ils nous permettraient de répondre aux difficultés actuelles.
Monsieur Lejeune, l'action outre-mer constitue actuellement un sujet de préoccupation. Nous planifions depuis un an l'opération relative au référendum en Nouvelle-Calédonie, avec huit escadrons sur place. Elle est bien préparée et ne présente pas de difficultés. En revanche, les crises régulières à Mayotte, où sont localisés trois escadrons en permanence, sont beaucoup plus inquiétantes. Je pense cependant qu'avec vingt et un escadrons outre-mer nos capacités sont suffisantes. Ces opérations ont un impact sur l'activité de nos personnels : un déplacement outre-mer de trois mois tous les treize mois n'est pas sans conséquences sur la vie familiale. Notre principale difficulté réside dans le manque de capacités de projection, puisque nous sommes tenus par le marché des voies aériennes civiles, qui coûtent extrêmement cher. La projection d'un escadron aller-retour coûte entre 150 000 et 200 000 euros. La facture est, de ce fait, assez élevée.
Madame Trastour-Isnart, nous menons un travail pour lutter contre les bandes. Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, était d'ailleurs à Fosses ce matin. Pour répondre à ce problème, des zones de sécurité prioritaire ont été mises en place. La police de sécurité du quotidien y répond aussi : c'est du sur-mesure, qui concerne les zones rurales et urbaines. Nous menons également un travail en partenariat avec l'ensemble des contributeurs : la police municipale, la sécurité privée, la gendarmerie, la police nationale ainsi que l'ensemble des bailleurs sociaux et des élus. L'important, dans une telle situation, c'est de travailler collectivement. Mais l'effort de sécurité intérieure ne peut pas être la seule réponse à ce type de délinquance, qui doit être combattu par un travail collectif et dans la durée. Dans plusieurs zones, notamment dans le Val-d'Oise, nous avons déjà obtenu de bons résultats, par exemple à Persan-Beaumont, où nous avons repris une partie du terrain. Il faut continuer en ce sens.
Monsieur Trompille, nous sommes un peu dépendants du service de santé des armées. Tant qu'il n'est pas disponible, il n'est pas possible de réunir la commission tripartite. Deux options sont possibles : soit je m'en passe, mais les textes actuels ne me le permettent pas ; soit je prends un autre opérateur, ce qui poserait un problème d'ancrage militaire. Même s'il reste des marges de progression, je suis satisfait du service de santé des armées, qui est notre opérateur. Les médecins militaires sont beaucoup pris, que ce soit en opérations extérieures ou ailleurs, ce qui peut faire traîner les projets immobiliers.
L'expérimentation du « café rencontre » de la police nationale ne me pose aucun problème. C'est une bonne pratique à laquelle nous pourrions réfléchir.
Monsieur Verchère, sur les craintes formulées par l'APNM Gendarmes et Citoyens concernant la levée de la mise en réserve, j'espère – l'espoir est toujours permis – que les crédits qui ont été gelés en début d'année pourront être dégelés. L'ancien ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a écrit à son collègue du budget, de sorte que nous puissions bénéficier de ce dégel, qui nous permettrait de commander 1 000 nouveaux véhicules. À ce stade, le dossier est entre les mains du ministre compétent, dont je ne doute pas de la bienveillance à l'égard de notre demande.
Concernant la compagnie de sécurité de l'Hôtel de Matignon, le besoin de concertation et de dialogue social est très clair. Suite à des changements dans le service, un travail est à faire. Hier, j'ai réuni les commandants de la garde, du régiment, de la compagnie et le commandant militaire. Ce que je retiens de l'échange parfaitement libre que nous avons eu, c'est qu'il faut remettre de l'humain dans les choses. Le statut militaire n'empêche pas le respect, la concertation et le dialogue, mais doit, au contraire, les favoriser. Dans ce cas-ci, il y a manifestement des marges de progression.