Monsieur Lejeune, vous le savez, nos prédécesseurs ont négligé bien des capacités, y compris celles nécessaires à la surveillance de notre zone économique exclusive. Il a résulté de ce relâchement coupable des réductions temporaires de capacités. Nos prédécesseurs auraient-ils pu les éviter ? Je ne saurais le dire, mais ce qui est certain, c'est qu'il nous faut nous atteler à combler ces réductions.
Monsieur Jacques, lorsque vous me demandez si nos armées sont capables de suivre le rythme d'évolution des technologies, je repense aux vingt-cinq ans que j'ai passés à travailler pour l'industrie informatique, dans laquelle les technologies évoluent tous les ans. J'aurais pu remettre indéfiniment à plus tard l'acquisition d'un ordinateur au motif que, six mois plus tard, une machine plus puissante serait disponible sur le marché. Ce serait un grand risque, car à un moment ou à un autre, il faut construire des capacités. L'important est que leur architecture soit compatible avec des incréments et des mises à jour. Par exemple, il faut que l'amélioration régulière des équipements numériques d'une frégate soit prise en compte dès la conception de celle-ci, et que son architecture même en ménage la possibilité.
S'agissant par exemple du programme MMCM, lorsque les études ont été lancées il y a une dizaine d'années, on a choisi chez ECA pour l'emport du sonar un drone sous-marin qui correspondait à l'état de l'art. Or, depuis lors, un drone trois fois moins lourd et nettement plus autonome a été développé. Tout l'enjeu est de pouvoir inclure de tels projets. Je crois donc qu'en phase de prototypage, lorsque l'on teste des articulations et des concepts, rien n'interdit de s'en tenir à un matériel qui n'est pas le développement le plus à jour. Mais lorsqu'il s'agira d'équiper effectivement la marine, il conviendra d'envisager d'acquérir des matériels plus modernes, plus légers et plus autonomes.
Cela rejoint d'ailleurs la réforme en cours des procédures de la DGA, qui ne comprennent pas toujours de phases de prototypage en tant que tel. J'en ai discuté longuement avec le délégué général pour l'armement, qui partage mon point de vue : il faut développer davantage de prototypes pour valider les concepts et les principes d'action, avant de choisir des équipements plus à jour.
Monsieur Le Gac, votre question me fait penser que j'ai oublié de signaler un point important. Lorsqu'un bateau se voit appliquer un système de double équipage, il est nécessaire d'investir dans un certain nombre de bâtiments pour le logement. En effet, 25 % à 30 % des marins logent à bord. Mais dès lors que le navire sera occupé par un second équipage, il faudra pouvoir loger les marins du premier à terre.
L'extension annoncée du système de double équipage concerne deux FREMM par an, l'une basée à Brest et l'autre à Toulon. Ce système est déjà mis en oeuvre non seulement pour les sous-marins, mais aussi sur les B2M, le bâtiment hydrographique Beautemps-Beaupré et le bâtiment de surveillance et de renseignement Dupuy-de-Lôme.
Monsieur Gouttefarde, la France a bien indiqué qu'elle était disposée à contribuer au déminage des abords d'al-Hodeïda, mais selon nos informations, aucune opération de cette nature n'y a été conduite pour l'heure. Une telle opération s'inscrirait d'ailleurs dans un cadre multinational, ce qui ne peut pas être aussi rapide qu'une action unilatérale.
Madame Pouzyreff, en effet, les études amont relèvent du programme 144 et non du programme 178.
Monsieur Larsonneur, je rappellerai que les porte-avions américains et français sont les seuls porte-avions au monde dotés de catapultes. Un tel dispositif permet le décollage d'avions avec de lourdes charges de munitions ou de carburant, ce qui revêt un intérêt opérationnel évident. En outre, le fait que notre système de catapulte soit le même que celui des Américains facilite grandement l'interopérabilité de nos forces. Il suffit pour s'en convaincre de penser aux Rafale français opérant depuis le pont du porte-avions américain Bush dans le cadre de l'exercice Chesapeake. Je crois donc qu'il y a tout intérêt à ce que le nouveau porte-avions soit doté d'un système de catapultage.
La question est donc de savoir si nous avons intérêt ou non à profiter de l'expérience acquise par notre allié avec son programme EMALS. À mon sens, la France y a intérêt, ne serait-ce que parce que le développement d'une technologie française en la matière aurait un coût prohibitif.