Intervention de Sophie Auconie

Réunion du mercredi 17 octobre 2018 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Auconie :

Dans le cadre de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 2019, nous saluons la hausse du budget de l'écologie, même si cette hausse n'est pas à la hauteur de ce qu'elle pourrait être. Je salue également la prime à la conversion et le chèque énergie qui sont d'excellents dispositifs. D'autres programmes et plans ont pour ambition de mieux répondre aux défis actuels et futurs de notre société. Parmi ces enjeux environnementaux, le risque que fait porter le réchauffement climatique est une urgence. C'est ce que souligne le rapport du GIEC dont le groupe d'action a été lancé hier à l'Assemblée nationale. Ce groupe rassemble près de 140 parlementaires autour de cette problématique.

Le programme 203 s'inscrit dans cette voie et vise à instaurer le Plan vélo dont l'ambition est d'augmenter la part du vélo dans les trajets pour la porter à 9 % en 2024. Comme le rappelait la ministre Mme Élisabeth Borne, seuls 3 % des déplacements se font à vélo alors que près de la moitié des trajets quotidiens font moins de 5 kilomètres. D'après l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), 58 % des Français vivant à moins d'un kilomètre de leur lieu de travail préfèrent s'y rendre en voiture. C'est un non-sens à l'heure de l'urgence climatique. Le vélo présente de nombreux avantages. Nous avons tous bien compris l'intérêt de ce moyen de transport et j'ai, avec de nombreux collègues d'ailleurs, co-signé la tribune pour un grand plan en faveur du vélo. Pour ce plan, une provision de 9 millions d'euros dans le cadre du forfait « Mobilité durable » s'appliquera à la fonction publique d'État en 2019. Le plan « Vélo » sera d'un montant de 350 millions d'euros sur sept ans, intégré à la projection pluriannuelle de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Ce montant servira à soutenir la création d'axes cyclables structurants dans les communes. Le Gouvernement se fixe un objectif ambitieux : tripler la part modale du vélo d'ici à 2024. Son plan comporte quatre axes : la résorption des coupures urbaines, des incitations financières, la lutte contre le vol des vélos et le développement d'une « culture vélo » que nous, les Français, n'avons pas ou plus.

De telles mesures sont un pas en avant, mais ne permettront pas de répondre assez rapidement aux défis que nous impose le réchauffement climatique. Il est nécessaire d'aller plus vite, de viser plus haut et, ainsi, d'impulser une véritable stratégie pour développer le vélo en France. Qu'on le veuille ou non, dans le pays du tour de France, la petite reine n'a pas la cote. Le montant annoncé par le Gouvernement équivaut à 70 centimes par Français et par an – contre 4 euros aux Pays-Bas.

Outre le financement des infrastructures, le Gouvernement annonce plusieurs mesures permettant d'améliorer la sécurité des cyclistes et des autres modes de mobilité douce : une adaptation du code de la route et des emplacements de stationnement réservés aux vélos en amont des passages piétons. Le Premier ministre a confirmé par ailleurs la transformation de l'indemnité kilométrique de vélo (IKV) en un forfait « Mobilité durable », ouvert au covoiturage, qui pourra être mis en place dans le secteur privé comme dans le secteur public.

Des efforts sont faits. Il faut que nous rattrapions notre retard. Aujourd'hui, le déplacement à vélo devient presque innovant car les Français n'utilisent plus ce moyen de transport.

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