Avec 2,7 milliards d'euros, en augmentation de 0,7 %, les crédits de la mission « Culture » sont non seulement préservés, mais confortés. Ils traduisent d'une part la volonté politique d'offrir un accès à la culture pour tous, en luttant contre la ségrégation culturelle, d'autre part d'encourager la cohésion sociale par une politique volontariste d'irrigation des territoires. L'accès de tous à la culture vaut particulièrement pour les enfants, les citoyens de demain, grâce au plan national d'accès aux enseignements artistiques et culturels, porté conjointement avec le ministère de l'Éducation nationale. Ses moyens, vous l'avez dit, sont doublés par rapport à 2017 ; d'ici à 2022, tous les écoliers devraient disposer de deux heures de pratique artistique par semaine. Le Pass Culture, cette application mobile géolocalisée à l'attention des jeunes de 18 ans, lancée l'an dernier, profitera d'abord à 10 000 d'entre eux, avant d'être généralisé. Il permettra aussi aux artistes de rencontrer ce public jeune.
Ce budget entend également valoriser l'offre culturelle des territoires et lutter contre les zones blanches du service public culturel. Selon la Cour des comptes, trente des trente-cinq plus importants investissements culturels français entre 2004 et 2010 ont été menés à Paris. Les dépenses culturelles du ministère sont de 139 euros par habitant et par an en Île-de-France, contre 15 euros par habitant et par an dans les territoires, près de dix fois moins. Résoudre la question de l'inégalité des territoires, qui est un héritage historique, exigera du temps. Mais nous retenons des mesures significatives, comme celles du plan « Culture près de chez vous », reposant sur trois piliers : les artistes et culture sur les routes de France, la mobilité des oeuvres et le déploiement des « micro-folies », musées numériques de proximité. 86 territoires culturels prioritaires ont été retenus, allant de la Martinique aux Vosges en passant par le Loiret pour bénéficier de l'opération « Catalogue des désirs » qui est l'un des meilleurs exemples de cette volonté de déconcentration dans le volet « Patrimoines ». Il faut veiller à ce que les oeuvres importantes des collections des musées nationaux circulent dans l'ensemble des musées territoriaux et hors les murs. Enfin, avec plus 30 millions d'euros en 2019 pour les DRAC, la déconcentration des crédits permet d'ancrer les politiques culturelles en région.
Ce budget marque aussi un engagement déterminé pour le rayonnement de la francophonie dans le cadre du plan « langue française et plurilinguisme ». Le Président de la République rappelait, le 11 octobre dernier, à Erevan, que la francophonie est une famille de 84 nations, une famille aux dimensions de la planète, présente sur les cinq continents et qui doit reconquérir la jeunesse au nom de l'exigence des valeurs démocratiques. Le projet de Cité de la langue française au château de Villers-Cotterêts se veut un laboratoire vivant de rencontres et d'expression. C'est un projet de 110 millions d'euros, dont le contenu devra être précisé, ainsi que les partenaires financiers dits « innovants », pour compléter l'apport de l'État, à hauteur de 55 millions d'autorisations d'engagement pour 2019. Cependant, l'action numéro 9 du programme 216 « Langue française et langues de France », qui comprend notamment le patrimoine linguistique ultramarin et des langues régionales de l'Hexagone, ne représente que 0,2 % du budget de la culture pour 2019. Il faudrait la revaloriser, monsieur le ministre, car si la France est une et indivisible, elle doit concevoir le divers dans son sein, l'unité dans la diversité.
Une France de la diversité, adaptée à ses identités composites, fondée sur les droits culturels des personnes qui la composent, c'est une France renforcée.