Permettez-moi tout d'abord, monsieur le ministre, de vous féliciter au nom du groupe Les Républicains pour votre nomination. La mission « Culture » est une fierté nationale, celle d'une exception culturelle que nous défendons jalousement. Nous nous félicitons que le budget de cette mission soit consolidé. Néanmoins, j'aimerais appeler votre attention sur différents points qui nécessitent une réelle vigilance.
D'abord, le Pass Culture, projet qui est au coeur de la politique gouvernementale, ne cesse d'interroger. Début septembre, Mme Françoise Nyssen a fini par acter le principe, qui nous semblait essentiel, d'une « éditorialisation » de l'offre, mais la budgétisation de la mesure reste dans le flou. Le Pass Culture, une fois généralisé, devrait coûter 500 millions d'euros si l'on offre 500 euros à chacun. On nous annonce que cette somme sera financée à 80 % par des acteurs privés, sans plus de précisions, et sans qu'aucun de ces acteurs ait encore pris le moindre engagement. Sur les 20 % à la charge de l'État, soit 100 millions d'euros, 34 millions d'euros seulement sont inscrits pour 2019. Après l'expérimentation menée en 2018, le dispositif devait être généralisé en 2019. Les moyens alloués ne le permettent pas. Quand le Pass Culture sera-t-il effectivement généralisé ?
En outre, le comité d'orientation du Pass Culture a signalé deux problèmes : celui de la mobilité pour les non-citadins, et le risque de piratage. Comment éviter, en effet, la revente à prix cassés sur le dark net du crédit de 500 euros ? C'est ce qu'on a constaté en Italie. Et comme, sur ces 500 euros, les dépenses de cinéma ne sont pas plafonnées, comment éviter que les blockbusters américains n'en soient les grands bénéficiaires, au détriment de l'exception culturelle française ? Pouvez-vous nous donner des garanties que l'usage du Pass ne servira pas uniquement à aller voir Star Wars, qui relève plus du divertissement que de la culture ?
Ensuite, le Loto du patrimoine est une bonne chose, mais combien rapportera-t-il finalement, après les différents prélèvements et taxes de l'État ? On en espérait 15 millions d'euros, autant dire une goutte d'eau comparée aux 900 millions d'euros du programme 175. Mais peut-on même compter sur cette somme ? Et la pérennité du dispositif est-elle garantie, si la Française des Jeux est privatisée ?
S'agissant du projet de rénovation du château de Villers-Cotterêts, 55 millions d'euros en autorisations d'engagement ont été inscrits. Mais suffiront-ils, et quel sera le coût total ? Pour le Centre national de la musique, les crédits restent introuvables dans le projet de loi de finances, à la grande surprise des professionnels du secteur. Quand ce projet verra-t-il le jour, quel est le calendrier ? Derrière l'affichage d'une consolidation des crédits, subsistent bien des imprécisions. Saurez-vous les dissiper, monsieur le ministre ?