D'abord, monsieur le ministre, permettez-moi de vous présenter les félicitations du groupe Socialistes et apparentés pour votre nomination.
Au départ, l'espoir était grand, parce que la promesse était belle, lutter contre la ségrégation culturelle. Le Président de la République, encore candidat, affirmait avec conviction : « La culture est la chose la plus importante de ma vie ».Tout concourait donc à ce qu'une politique culturelle forte et audacieuse soit mise en place, y compris le choix de la ministre, non technocrate et non parisienne. Un an et demi plus tard, alors que vous nous présentez le budget pour 2019, où en sommes-nous ?
Vous le savez, vous reprenez les rênes d'un ministère très affaibli. Il l'est d'abord parce qu'il a été dépossédé de politiques majeures tels que le patrimoine ou encore l'audiovisuel public que l'Élysée a préféré piloter en direct. Il l'est ensuite parce que de grands mots ont été utilisés pour de petites réalisations, je pense en particulier au Pass Culture, cette promesse phare du candidat Macron. Vous vous entêtez à vouloir le mettre en oeuvre alors que de nombreuses personnalités qualifiées vous suggèrent de l'abandonner et que l'exemple italien devrait achever de vous convaincre. Après l'avoir expérimenté en 2016, l'Italie l'a abandonné car il était dévoyé : des jeunes le revendaient ou l'échangeaient contre de l'argent liquide.
Ce ministère est affaibli aussi parce que son budget n'est pas à la hauteur. Pour le soixantième anniversaire de sa création, vous nous proposez un budget plat, un budget qui stagne, ce qui est une première depuis plusieurs années car, entre 2012 et 2017, les crédits avaient augmenté de 35 %. Le président de la République a affirmé vouloir garantir l'accès de tous à la culture et lutter contre la ségrégation culturelle, objectif que nous partageons. Il a réaffirmé qu'une offre culturelle dense existe, mais qu'elle est méconnue des Français ; il a rappelé le très fort décalage entre la capitale et les régions, un diagnostic que nous partageons. Ce constat commun appelait une réponse commune, la hausse du budget. Pourtant, il n'en est rien. Vous êtes contraint de piocher ailleurs dans vos crédits pour financer vos nouvelles mesures. Ainsi, vous réduisez certains crédits alloués aux musées de France.
Le Pass Culture est l'exemple type de l'impasse budgétaire dans laquelle vous êtes. Évalué à 400 millions d'euros par an, ce dispositif coûte cher, trop cher pour que le Président de la République y consacre les crédits nécessaires. Mme Nyssen avait annoncé, prématurément à mon sens, qu'il serait financé par les GAFA, avant de reculer. Finalement, un an et demi plus tard, faute de financement propre, le Pass Culture navigue péniblement entre phase de test et phase d'expérimentation aux contours flous ; pire, votre entêtement vous conduit à y consacrer 34 millions d'euros cette année, sans avoir la certitude que vous le mettrez un jour en oeuvre.
Ces crédits budgétaires pourraient être utilisés efficacement ailleurs dès cette année, notamment en faveur des établissements d'enseignement supérieur et d'insertion professionnelle, dont vous avez diminué les crédits de 30 millions d'euros en deux ans. Monsieur le ministre, qu'allez-vous faire réellement de ce Pass Culture ?
Par ailleurs, que deviennent des mesures importantes qui avaient été annoncées lors de la campagne présidentielle, comme l'Erasmus des professionnels de la culture, l'émergence d'un Netflix européen ou la création d'un fonds d'investissement de 100 millions d'euros pour les industries créatives et culturelles ? Le Président de la République s'est présenté aux Français comme un homme de lettres, soucieux de faire de la culture une priorité. Aujourd'hui, la déception et les inquiétudes sont à la hauteur de cette affirmation. Le groupe Socialistes et apparentés partage la déception des professionnels du secteur et nourrit des inquiétudes quant à l'avenir. Nous proposerons plusieurs amendements qui visent à la fois à corriger certaines incohérences et qui vont dans le sens du discours volontariste du candidat Macron.
Le 20/01/2019 à 07:43, ben64 a dit :
Madame, merci de souligner ses évidences scandées aujourd'hui par des français qui n'ont pas d'autre choix que la rue pour faire entendre leurs voix."C'est la chianli!!!" disait le Général, nous y sommes.
Le 03/01/2019 à 17:10, Laïc1 a dit :
"Le Président de la République, encore candidat, affirmait avec conviction : « La culture est la chose la plus importante de ma vie »"
La culture du référendum, de la participation citoyenne, autrement dit de la démocratie, il ne connaît pas apparemment. Encore un qui confond embrigadement oligarchique, vénération d'un élitisme sclérosé et imbu de lui-même avec la vraie culture.
Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui