J'interviens au nom du groupe La France insoumise. Si le Gouvernement accorde à la mission « Médias, industries culturelles » une augmentation de 3,6 % en euros courants, ce qui est suffisamment rare pour le faire remarquer, en même temps il ampute de 101 millions d'euros l'avance à l'audiovisuel public. Il prévoit de vider le Fonds stratégique pour le développement de la presse, au bénéfice de Presstalis. Cette entreprise est certes en difficulté, ses salariés également, mais en la sauvant provisoirement, vous mettez en danger les autres acteurs du secteur, notamment les médias en ligne. Il faut sauver Presstalis et tout le secteur de la distribution, mais il faut le faire vraiment, et de façon pérenne. Nous proposons plutôt la création d'une coopérative unique de distribution de la presse, soutenue par l'État. Marie-George Buffet défendait déjà une telle organisation intelligente et raisonnée de la distribution de la presse dans sa proposition de loi de 2013. Cinq ans plus tard, cette solution nous paraît toujours être la plus adaptée.
L'accès au savoir est également un élément essentiel de cette mission. C'est pourquoi nous appelons de nos voeux une augmentation des aides aux petites bibliothèques rurales et à celles des villes moyennes. La création d'une médiathèque en ligne gratuite et accessible par tous les citoyens et toutes les citoyennes serait à la fois un moyen de démocratiser l'accès aux bibliothèques et de moderniser les services publics nationaux.
Le budget de France Télévisions chute de 68 millions d'euros et la suppression de l'affectation de la TOCE représente une perte de 85 millions d'euros. Rien ne justifie de telles coupes. Le Gouvernement affaiblit encore une fois l'audiovisuel public pour satisfaire à des injonctions budgétaires qui ne feront que dégrader les conditions de travail dans le secteur et la qualité des programmes proposés. Vous ne faites pas un budget en fonction d'objectifs qualitatifs, ni en termes de satisfaction de la population. Votre seule aspiration est de faire des économies sur le dos de l'audiovisuel public. Pourtant ce service, dont notre Président a dit qu'il était la honte de la République, mérite une réforme profonde à l'aide de moyens réels.
Nous souhaitons la titularisation des « permittents » du service public audiovisuel. Personne ne travaille correctement en situation précaire. C'est un effort budgétaire, certes, mais une nécessité sociale et d'utilité publique pour le bon fonctionnement de l'audiovisuel public. Pour nous, la fonction sociale de la télévision et de la radio ne peut être soumise aux aléas du marché et de la finance ; l'audiovisuel public doit être le garant de la qualité de l'information et des programmes que le secteur privé, gangrené par les magnats de l'industrie, est incapable d'assurer. Le désengagement de l'État ces quinze dernières années, à travers une politique d'austérité budgétaire et de suppressions d'emplois, nuit aux ambitions d'un service public véritable. En France, il est sous-financé et fragilisé structurellement. En Allemagne, son budget global est double : 4,3 milliards d'euros. Nous voulons donner aux entreprises publiques de l'audiovisuel les moyens de devenir des acteurs majeurs du numérique et de la production de programmes de qualité. De telles ambitions nécessitent des budgets à la hauteur. N'ayons pas peur de financer un service public qui informe mieux notre population et qui élève la conscience de notre peuple.
Enfin, c'est dans cette mission que devrait figurer, à notre sens, le budget du Conseil de déontologie des médias dont Françoise Nyssen a encouragé le développement. Nous espérons que le nouveau ministre et l'Assemblée nationale se rallieront à notre proposition. C'est en redonnant confiance dans les médias et en les rendant plus impartiaux, plus justes, plus honnêtes par l'intervention d'un conseil de déontologie de la profession, que nous résoudrons la véritable crise qui mine ses fondations. Assurons l'honnêteté des médias pour redonner aux Français le goût de s'informer, soutenons les bibliothèques de proximité, organisons rationnellement le secteur de la distribution de la presse autour d'une coopérative unique, assurons un statut aux travailleurs de l'audiovisuel, pérennisons le budget pour assurer la qualité des programmes. M. Riester vient d'entrer en fonction ; nous espérons qu'il saura réparer les manquements de sa prédécesseure et faire de cette mission un enjeu majeur de la politique nationale.