Intervention de Thierry Benoit

Réunion du mardi 23 octobre 2018 à 17h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Monsieur le ministre, je tiens à vous dire que je suis heureux de vous retrouver.

Je souhaite avoir une pensée pour votre prédécesseur, même s'il n'est pas commun de l'exprimer en commission, car il n'a pas démérité. Je reconnais en effet qu'il est compliqué d'être ministre de l'agriculture dans le contexte que nous connaissons. Nous aimerions que les agriculteurs puissent enfin vivre vraiment de leur métier, ce qui n'est pas encore le cas.

Dès lors que l'on avait mis tout le monde autour de la table, les États généraux de l'alimentation auraient dû créer un consensus autour de l'objectif du revenu agricole et de la qualité de l'alimentation que l'on souhaitait dans notre pays, et sur le rôle de l'agriculture en France, en Europe et dans le monde. Or force est de constater qu'à l'issue de ces États généraux de l'alimentation, tout le monde se tire dans les pattes… Nous ne sommes pas parvenus au nécessaire rééquilibrage entre les producteurs et la grande distribution. Il faudra que vous soyez très vigilant sur la question du seuil de revente à perte et que vous en mesuriez les réelles conséquences. Beaucoup de doutes et d'interrogations subsistent également, notamment en ce qui concerne le bien-être animal. À cet égard, vous allez devoir faire un vrai travail sur la filière élevage eu égard aux actions menées à l'encontre des bouchers et des abattoirs.

S'agissant du plan Écophyto II, quels moyens comptez-vous mettre en oeuvre pour permettre une diminution drastique de l'usage des produits phytosanitaires ? Au-delà de la feuille de route que vous déclinez pour mettre fin à l'usage du glyphosate, j'aimerais que soit engagée une vraie réflexion approfondie sur l'ensemble des produits, herbicides, fongicides ou insecticides, et qu'on puisse faire le tri dans tout cela : on ne peut pas se contenter d'avis d'organismes ou d'experts qui nous disent que certains produits seraient « probablement » cancérigènes. Pour ma part, je fais confiance au Gouvernement pour la mise en extinction de certains produits dangereux, et si je me suis opposé, à la suite des États généraux de l'alimentation, à l'inscription dans la loi de la fin immédiate du glyphosate, c'est parce qu'il convient de définir une méthode. À cet égard, je salue le travail du rapporteur et des députés qui ont voté cette disposition. Monsieur le ministre, il va falloir que vous soyez clair sur l'ambition, le calendrier, l'objectif et la méthode.

Dans le domaine de la sécurité sanitaire, souvenons-nous de l'accident survenu il y a quelques mois chez Lactalis. Quels moyens supplémentaires entendez-vous consacrer à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) ? Nous avons là un organisme d'une qualité exceptionnelle au niveau européen et mondial ; je souhaiterais que des crédits importants lui soient attribués, ce qui n'est pas le cas dans le présent budget. Par ailleurs, le rapporteur pour avis a indiqué qu'il défendra deux amendements visant à doter la DGCCRF et FranceAgriMer de moyens supplémentaires.

Je voudrais appeler l'attention du rapporteur pour avis et du ministre sur la nécessité d'apporter du conseil à nos agriculteurs et non pas systématiquement du contrôle et de la sanction. Si l'on veut tirer l'agriculture française et les agriculteurs vers l'excellence – pour ma part, j'ai toujours dit que nous avions les meilleurs agriculteurs du monde –, il faut que la puissance publique, notamment dans son action de contrôle, change de postulat et se mette dorénavant dans le registre du conseil.

Enfin, je souhaite aborder la question de l'employabilité en agriculture. Sans revenir sur la séquence des travailleurs occasionnels-demandeurs d'emploi ni sur le CICE que le Gouvernement transforme en allégements de charges, ce qui est une bonne chose, j'appelle votre attention sur le fait que l'agriculture est pourvoyeuse d'emplois, que l'on soit dans un département d'élevage ou de polyculture – vous le savez bien, vous qui êtes de la Drôme. Il faudrait réfléchir à la manière dont on pourrait faciliter les recrutements dans les exploitations, et alléger les charges qui pèsent tant sur le salarié que sur l'agriculteur employeur. Cela permettrait à des personnes qui n'ont pas nécessairement une qualification de base de mettre le pied à l'étrier dans les métiers de l'agriculture et de l'environnement.

Enfin, les élections dans les chambres d'agriculture auront lieu au mois de janvier prochain. Quelle est votre vision du rôle des chambres d'agriculture ?

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