Monsieur le Premier ministre, vous l'avez rappelé, samedi, jour de shabbat, onze personnes ont été massacrées par un néonazi dans une synagogue de Pittsburgh, alors qu'elles célébraient la naissance d'un enfant. Leur seul tort : être nées juives. Permettez-moi d'abord, à mon tour, d'avoir une pensée pour les victimes, la communauté juive de Pittsburgh et le peuple américain, touché dans sa chair.
Soixante-quinze ans après la Shoah, en 2018, on massacre encore des juifs. C'est vrai aux États-Unis ; c'est aussi vrai chez nous, en France. Oui, ce terrible attentat antisémite nous ramène à notre insupportable réalité, d'Ilan Halimi aux tueries de Toulouse et de l'Hyper Cacher, de Sarah Halimi, torturée et défenestrée vivante, à Mireille Knoll, lacérée et brûlée chez elle. Ces crimes ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Quotidiennement, insultes, graffitis, intimidations, violences se sont banalisées. À l'université, les menaces antisémites se multiplient et internet est submergé par un tsunami de haine. Moi-même je suis la cible quotidienne d'injures antisémites et de menaces de mort. Les chiffres sont édifiants : en 2017, les actes antisémites ont bondi de 26 % ; les Français juifs sont victimes de près de 50 % des violences racistes alors qu'ils ne représentent qu'1 % de la population. Dans certains quartiers, une véritable épuration ethnique est en cours.
Je ne suis pas seulement inquiet pour les juifs de France ; je suis surtout inquiet pour la France. L'histoire l'a démontré : une société gangrenée par l'antisémitisme est une société malade. La haine du juif n'est qu'une variante de la haine de la République. Longtemps associé à l'extrême droite sur fond de préjugés ancestraux et de négationnisme, l'antisémitisme se nourrit aujourd'hui d'islamisme et de détestation d'Israël. Oui, et cet antisionisme, plus sournois, plus politiquement correct, n'épargne pas, hélas, certains bancs de cette assemblée.
Les rapports, les plans, les discours se succèdent sans qu'on parvienne à enrayer le fléau. Il faut tout revoir, tout : sécurité, législation et surtout éducation ! Monsieur le Premier ministre, jusqu'à quand supporter tout cela ? Que fait-on ? Quelle action votre Gouvernement compte-t-il engager pour éradiquer l'antisémitisme ?