Mais la réalité de notre marché du travail, où les créations d'emplois pourtant réelles et nombreuses augmentent moins vite que la population active, exige une approche adaptée ; à défaut, l'impact sur le niveau du chômage est immédiat. Ce n'est pas un hasard, en effet, si, au trimestre dernier, La Réunion a été la région de France ayant enregistré la plus forte augmentation du chômage et si le nombre de demandeurs d'emploi n'y diminue plus. La transition démographique se répercute sur le marché du travail, expliquant notre recours élevé aux emplois aidés et justifiant qu'à La Réunion devront coexister, pendant un certain temps encore, différentes formes d'emploi.
Le contrat aidé n'est ni la solution idéale ni un plan de carrière mais, comme le dit chaque bénéficiaire, c'est toujours mieux que le chômage ! Qu'il soit nécessaire de revoir le dispositif dans ses modalités d'attribution, de formation, d'accompagnement vers l'emploi, cela va de soi, mais le réduire de manière aussi drastique et aussi brutale, c'est ignorer la transition à l'oeuvre sur notre marché du travail, c'est faire fausse route et prendre de grands risques. L'épidémie de dengue, qui n'est toujours pas jugulée, nous le démontre dangereusement : elle vient d'obliger le Gouvernement à intervenir en urgence pour tenter d'éviter une catastrophe sanitaire.
C'est donc en faisant appel à votre pragmatisme, madame la ministre, et sans attendre une catastrophe sociale que nous vous demandons d'assouplir et d'adapter la réforme des emplois aidés sur tous ces territoires fragiles où vivent des populations modestes.