Je reviens de la Polynésie où j'ai pu, sous contrôle militaire, visiter l'atoll de Moruroa, qui arbore encore les vestiges de ce qui a construit la force nucléaire de l'État, synonyme de mort, de maladie et de bouleversement sociétal pour le peuple polynésien. Pendant trente ans, l'État a fait taire les résistants à la bombe. On espère révolue cette époque d'une Ve République défendant sans état d'âme le mensonge officiel des essais nucléaires propres.
Madame la ministre, vous avez évoqué à deux reprises le fait que l'État travaille à la dépollution des atolls de Moruroa et Fangataufa. Le 11 octobre, au Sénat, vous avez prétendu que « la ministre des armées investit massivement dans la dépollution [… ] des atolls concernés ». Or rien ne va dans ce sens dans le présent projet de loi de finances, pas plus que dans les précédents. Le budget de la défense ne fait mention que des fonds spécifiquement dédiés à la surveillance radiologique et géomécanique de Moruroa, au travers de Telsite 2.
Alors que des kilos de plutonium issus des essais aériens gisent toujours par 10 mètres de fond sous le banc Colette du lagon de Moruroa, de quelle dépollution parlez-vous donc, madame la ministre ? Alors que, sur ce même atoll, plusieurs puits de plus d'1 kilomètre de profondeur abritent encore les fantômes des essais souterrains, à quels investissements massifs dans la dépollution faites-vous référence ? Si, pour vous, dépolluer, c'est déconstruire les ruines des infrastructures logistiques pour effacer les traces visibles de l'époque des essais, autant nous expliquer qu'une nouvelle coiffure et une pédicure constituent un remède sérieux contre le cancer.
Ma question est très simple : quelles sont précisément les lignes budgétaires que ce PLF consacre à la dépollution massive des atolls de Moruroa et Fangataufa ?
Te aroha ia rahi.