Les bancs de l'École nationale d'administration pénitentiaire d'Agen ont rarement été aussi remplis que cette année : avec 902 élèves, la 197e promotion de surveillants a battu tous les records. L'engouement renouvelé pour cette profession est une bonne nouvelle, d'autant que l'administration pénitentiaire prévoit de former 2 400 surveillants par an d'ici à la fin du quinquennat, ce qui permettra de compenser les départs à la retraite et de fournir, nous l'espérons, un personnel suffisant pour que soit tenue la promesse de l'exécutif d'embaucher 1 100 nouveaux surveillants.
Si certains voyants sont au vert – nous ne pouvons que nous en réjouir – , il n'en reste pas moins que l'administration pénitentiaire est en grande souffrance, vous l'avez rappelé, madame la garde des sceaux. Aux avant-postes pour faire face aux violences des détenus et à la radicalisation islamiste dans les prisons, le personnel pénitentiaire est, trop souvent encore, la cible de violentes agressions. Villefranche-sur-Saône, Fleury-Mérogis et tant d'autres prisons sont tristement célèbres pour les attaques répétées contre le personnel pénitentiaire. En 2015 déjà, l'observatoire international des prisons relevait 4 070 cas de violences physiques contre le personnel des prisons.
Malgré les efforts, les chiffres publiés par le ministère de la justice restent alarmants : le 1er juin dernier, le taux d'occupation carcérale s'établissait à 142,5 % dans les maisons d'arrêt, avec un surveillant pour 2,5 détenus, alors que 2 500 postes environ seraient vacants. De façon générale, l'administration pénitentiaire est en sous-effectif, avec parfois moins d'un surveillant par étage, ce qui pose évidemment de réels problèmes de sécurité. Dans de telles conditions, comment le personnel pénitentiaire peut-il faire face aux violences entre détenus ou à leur radicalisation tout en assurant leur accompagnement ? C'est pourquoi je propose d'augmenter l'enveloppe allouée à l'administration pénitentiaire au lieu de la réduire, afin de donner au personnel pénitentiaire les moyens matériels de travailler dans de bonnes conditions.