Intervention de Franck Riester

Séance en hémicycle du mercredi 31 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Culture

Franck Riester, ministre de la culture :

Il a suscité une formidable mobilisation de la part de nos compatriotes. Les recettes pour la Fondation du patrimoine devraient avoisiner 20 millions d'euros. Pour accompagner cet élan populaire impulsé par Stéphane Bern, nous avons annoncé, avec le ministre de l'action et des comptes publics, Gérald Darmanin, le déblocage de 21 millions d'euros supplémentaires dès la fin de gestion 2018.

II existe par ailleurs un outil essentiel pour soutenir notre patrimoine : c'est le mécénat. Je l'ai redit lors de mon audition devant la commission des affaires culturelles : ne brisons pas cet outil devenu indispensable non seulement pour le patrimoine, mais plus largement pour la culture.

L'accès à la culture passe également par l'accès aux oeuvres et aux artistes, trop souvent cantonnés dans les grandes villes. Nous les ferons circuler sur le territoire grâce au plan « Culture près de chez vous », pour lequel nous mobiliserons 6,5 millions d'euros. Il passe également par l'accès aux bibliothèques – j'étais hier à Meudon pour visiter une médiathèque emblématique de cette volonté d'ouvrir les bibliothèques le plus largement possible. Elles forment le premier réseau culturel de proximité, une tête de pont pour la culture. Nous voulons aider les collectivités locales, nos partenaires, à les ouvrir le plus possible et le mieux possible. C'est pourquoi 2 millions d'euros additionnels seront engagés à cet effet, en sus des budgets déjà mobilisés en 2018.

Les inégalités d'accès à la culture, nous devons les combattre dès le plus jeune âge. Avec Jean-Michel Blanquer, en lien avec tous les partenaires concernés, nous voulons faire de l'éducation artistique un droit universel. Chaque enfant sera au contact des oeuvres et des artistes dès l'âge de trois ans, d'ici à 2022. Pour faire de cet objectif une réalité, le budget de l'éducation artistique et culturelle sera doublé par rapport à 2017, pour atteindre 145 millions d'euros l'année prochaine. Doublé ! Par ailleurs, le Pass culture ouvrira aux jeunes les portes de nos institutions culturelles, favorisera leur pratique des arts, et cela sur l'ensemble du territoire. Son expérimentation débutera au cours des prochaines semaines auprès de 10 000 jeunes, dans cinq départements : quatre en métropole et un département d'outre-mer. Une enveloppe de 34 millions lui est réservée pour 2019.

Pour permettre à tous un égal accès à la culture, il faut avant toute chose soutenir ceux qui la font vivre au quotidien. Parce qu'il n'est pas de culture sans création, les crédits qui lui sont consacrés seront sanctuarisés. Et parce qu'il n'est pas de création sans créateurs, nous continuerons à soutenir l'emploi dans le secteur culturel. Le Fonds national pour l'emploi pérenne dans le spectacle – FONPEPS – sera prolongé au-delà de 2018. Le niveau des crédits de ce dispositif encore mal connu a été adapté au rythme de sa consommation.

Nous poursuivrons également le travail engagé avec les représentants des artistes-auteurs pour mieux les protéger. Parce qu'il n'est pas de création sans auteurs, le Centre national du livre – CNL – est là pour les accompagner. Le budget pour 2019 marque en effet la budgétisation du CNL, laquelle permettra enfin de sécuriser des ressources fragilisées depuis plusieurs années.

Et enfin parce qu'il n'est évidemment pas de création sans musique, vous pouvez compter sur mon implication pour que le projet de Centre national de la musique voie enfin le jour. Je remercie Émilie Cariou et Pascal Bois pour leur mission de préfiguration, qui nous remettront prochainement leur rapport. Je vous confirme mon engagement de mobiliser 5 millions d'euros pour amorcer le financement en année pleine de cette institution.

Il n'est pas non plus de création sans crédits d'impôt et je tiens à rappeler leur rôle essentiel dans le financement du cinéma, de l'audiovisuel, de la musique enregistrée ou de la production de spectacles.

Le budget que je vous présente est aussi un budget qui permettra aux médias, et en particulier à l'audiovisuel, de mieux s'adapter à un environnement en mutation. Pour ce qui est de la presse, je répéterai sans relâche ce que j'ai déjà déclaré lors du centenaire du syndicat national des journalistes : l'indépendance de la presse, la liberté de la presse, le pluralisme de la presse sont non seulement une priorité mais une chance pour la France ; aussi nous revient-il de les protéger, d'aider les journalistes à exercer leur métier, de garantir leur liberté.

Les aides au pluralisme seront donc sanctuarisées à hauteur de 16 millions d'euros. Les aides au portage baisseront de 5 millions, poursuivant certes la tendance de 2018, mais conduisant à une dotation totale de 26,5 millions largement supérieure à celle issue des états généraux de la presse il y a dix ans. Par ailleurs, le Gouvernement prendra pleinement sa part dans la réforme de la loi Bichet, relative au statut des entreprises de groupage et de distribution des journaux et publications périodiques. Nous y reviendrons au cours des prochains mois. J'ai pris toute la mesure des attentes de l'ensemble des acteurs de ce dossier complexe.

En ce qui concerne l'audiovisuel public, 2019 sera la première année de l'application de la grande transformation annoncée, et l'année de la réforme de la loi de 1986 sur l'audiovisuel et sa régulation. Nous y travaillons d'ores et déjà. Je tiens à remercier Pierre-Yves Bournazel et Aurore Bergé pour la mission qu'ils ont coordonnée : elle pose les bases d'une réflexion riche et large. Nous lancerons prochainement, en lien avec la commission des affaires culturelles de l'Assemblée, le groupe de travail qui permettra un travail en profondeur sur ce texte.

Enfin, ces débats sur l'audiovisuel ne sont pas sans lien avec le soutien public au cinéma, qui bénéficie de crédits d'impôt fortement revalorisés au cours des dernières années. Les taxes affectées au Centre national du cinéma et de l'image animée – CNC – augmenteront de 2 millions d'euros en 2019. Elles permettront notamment de soutenir les nouveaux formats et les productions les plus innovantes.

De ce budget dépendent la vitalité et la diversité de notre écosystème culturel. Sur l'ensemble de ces sujets, vous pouvez compter sur mon engagement plein et entier. Mesdames et messieurs les députés, ce budget de la culture pour 2019 n'est pas juste un budget de plus, parce que nous ne pouvons pas nous permettre « juste un budget de plus » à la veille du soixantième anniversaire du ministère. La culture mérite plus. Les Français méritent davantage. Ils méritent notre détermination, notre obstination et toute notre ambition. C'est précisément ce qui caractérise ce budget.

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