Comment s'étonner de la défiance des Français à l'égard des grands médias quand on voit le niveau des subventions dont ceux-ci bénéficient ? Il n'y a là rien de surprenant quand on sait, en particulier, que la distribution des aides est proportionnelle au tirage et non au nombre d'exemplaires achetés, ce qui non seulement encourage le gaspillage mais privilégie parfois aussi de façon assez paradoxale les journaux les moins lus.
Avant d'être élue députée, j'étais moi-même journaliste. Je n'ai pas de revanche à prendre mais un souci réel que soient transmises aux Français des informations et des analyses de qualité.
Je suis également préoccupée par la rationalisation des dépenses de l'État. À l'heure où la dette publique de la France atteint 99 % de son PIB et où l'on demande aux Français de se serrer la ceinture – en priorité aux retraités, je vous le rappelle – , maintenir un système d'aide à la presse aussi coûteux est tout simplement aberrant et ne fait qu'attiser la méfiance. Le baromètre annuel du journal La Croix de 2017 révèle ainsi que seulement 24 % des Français estiment que les journalistes résistent aux pressions politiques, et que seulement 27 % pensent qu'ils résistent aux pressions financières. Cela devrait nous faire réfléchir. L'expression « médias mainstream » illustre d'ailleurs bien ce phénomène : ces médias sont aujourd'hui considérés comme les vecteurs des opinions dominantes ou politiquement correctes, et les lecteurs sont nombreux à se tourner vers de nouveaux médias qui sont, eux, vraiment indépendants et qui ne bénéficient pas de ces subventions.
Oser supprimer les aides à la presse, ce serait changer les règles du jeu pour que les Français puissent à nouveau croire dans les informations diffusées par les médias. Accessoirement, si vous rencontrez des Français souhaitant que les subventions à la presse soient perpétuées et que la niche fiscale des journalistes soit maintenue – j'ai demandé sa suppression, il y a quinze jours, mais vous m'avez opposé un refus catégorique – , prévenez-moi, parce que franchement, je pense que nous ne côtoyons pas les mêmes Français !