La réforme annoncée de la DGA est en route et l'Agence de l'innovation de défense du ministère a été créée début septembre. Rattachée directement au délégué général pour l'armement et dotée d'une direction s'appuyant sur un comité de pilotage collégial, l'Agence gérera les budgets des sous-actions « Études amont » et « Gestion des moyens et subventions » du programme 144 ainsi que des crédits du programme 191 « Recherche duale (civile et militaire) », soit un total de 1,2 milliard d'euros en crédits de paiement et de 1,4 milliard d'euros en autorisations d'engagement. Les effectifs de l'Agence seront à terme d'une centaine de personnes, issues en majorité des services de la DGA ainsi que de l'état-major des armées et du secrétariat général pour l'administration.
L'Agence a l'ouverture pour maître mot. Elle veut pour cela : faire dialoguer les programmes et les recherches afin d'éviter le « silotage », préjudiciable à la synergie et terreau de rigidités et de duplications ; constituer un guichet unique, interne et externe, centré sur les besoins de l'utilisateur final et ouvert aux idées venant du terrain, des chercheurs, des start-up, des entreprises ; raccourcir les cycles ; prendre des risques calculés ; mettre en place de nouveaux outils de contractualisation pour plus de souplesse dans les achats ; traquer l'innovation d'usage, incrémentale ou de rupture, où qu'elle se trouve ; mailler le territoire en nommant des référents ; soutenir les innovations par le maintien des dispositifs existants tout en réfléchissant à leur évolution ; travailler à la valorisation des résultats de l'innovation au bénéfice du ministère ; permettre l'expérimentation, notamment grâce à l'Innovation défense lab, en cours de création. Les cycles longs inhérents aux programmes d'armement et à la recherche de bas niveau de maturité ne sont pas pour autant oubliés : l'Agence veillera à ce qu'ils puissent intégrer les innovations au cours de leur déroulement.
Avec le transfert des crédits affectés à leur subvention, l'Agence de l'innovation de défense devient également responsable des relations avec l'ONERA – l'Office national d'études et de recherches aérospatiales – , l'Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis et les écoles d'ingénieurs sous tutelle de la DGA. Il s'agit là d'une chance partagée : les instituts de recherche et les écoles auront un interlocuteur unique auquel présenter leurs idées et leurs compétences ; l'Agence disposera quant à elle d'instruments de premier plan, à partir desquels pourra émerger l'innovation.
Un de mes interlocuteurs m'a dit : « L'innovation est un acte violent ; il faudra briser les conservatismes. » Nous n'avons plus le choix : les défis de demain sont considérables, qu'il s'agisse d'intelligence artificielle, de cyber ou de robotique. Il faut s'en saisir dès aujourd'hui, sous peine d'être dépassés, comme nous l'avons été en ce qui concerne par exemple les drones, dont l'usage et le développement n'avaient pas été identifiés comme une priorité. Il le faut pour nos forces et notre efficacité opérationnelle, mais aussi pour notre industrie nationale et européenne.
Nous avons, avec l'Agence de l'innovation de défense, un instrument flexible et réactif dont j'espère que nous saurons faire le meilleur usage. À titre personnel, j'y crois. L'ensemble des interlocuteurs que j'ai rencontrés durant ces derniers mois plébiscitent sa création et en attendent beaucoup.