Le budget pour 2019 est le premier de la LPM 2019-2025, et j'ai le plaisir de vous indiquer sans attendre qu'il est en tout point conforme à la programmation. L'ensemble des ressources consacrées à l'armée de terre, dépenses de personnel incluses, sont en hausse, et atteignent 8,6 milliards d'euros en crédits de paiement et 9,7 milliards en autorisations d'engagement.
Ce budget aura donc des répercussions très concrètes en 2019, avec la livraison de 7 600 fusils d'assaut HK416F, de 1 650 ensembles de parachutage du combattant, de 430 véhicules tactiques 4x4 – on sait à quel point cette dernière livraison était attendue, puisque les véhicules précédents, les P4, sont en service depuis près de quarante ans. Chaque soldat en opération sera en outre équipé, dès l'an prochain, d'un gilet pare-balles de dernière génération, d'un treillis F3 retardant la flamme, de nouvelles lunettes balistiques et de nouveaux gants de combat. Enfin, ayant désigné l'accélération du programme SCORPION – synergie du contact renforcée par la polyvalence et l'infovalorisation – , alliance entre haute technologie et rusticité, comme une priorité dans notre rapport pour avis de l'an dernier, nous nous réjouissons de l'arrivée des 89 premiers blindés Griffon, qui feront de 2019 la première année SCORPION.
Ce budget traduit clairement une remontée en puissance et il est à hauteur d'homme. Nous le devons aux engagements du Président de la République, au travail de la représentation nationale, mais aussi et surtout, madame la ministre, à votre forte implication ; je l'ai constatée lors chacun de nos déplacements communs au cours des derniers mois, que ce soit à Tessalit au Mali, à Mourmelon-le-Grand avec le Président de la République, au Luc dans le Var, à Bruz pour l'annonce du plan MCO terrestre ou encore, le mois dernier, à Bron dans le Rhône et au Tchad.
Comme le veut désormais la tradition, nous avons aussi profité du budget pour réaliser un travail thématique, en approfondissant, cette année, la préparation opérationnelle des forces terrestres, au travers de onze auditions et cinq déplacements. Pourquoi la préparation opérationnelle ? Parce que les retours d'expérience nous montrent que les opérations actuelles sont plus dures et plus complexes. La mission d'information que j'ai eu l'honneur de conduire en début d'année avec notre collègue Olivier Becht l'a clairement montré : même avec l'appui de toutes les technologies, c'est sur l'homme que beaucoup repose encore.
Rapidement, nous avons fait un constat simple mais paradoxal : alors que les outils de la préparation opérationnelle n'ont jamais été aussi performants, le niveau d'entraînement de nos soldats a chuté en 2015. Le déploiement de la force Sentinelle, à partir de 2015, en est une première cause, car il a considérablement amoindri le temps disponible pour l'entraînement des unités. Concomitamment, la remontée en puissance de la force opérationnelle terrestre, passée de 66 000 à 77 000 hommes, a demandé un effort de 45 000 recrutements en trois ans. Cette campagne de recrutement massive a mobilisé les infrastructures, les matériels et les cadres expérimentés de l'armée de terre, les rendant ainsi moins disponibles pour l'approfondissement des savoir-faire interarmes. Aussi, en 2015 et en 2016, l'armée de terre a consommé une partie de son capital humain et a été contrainte de concentrer à l'excès la préparation opérationnelle sur la mise en condition finale, autrement dit sur la préparation à une guerre en particulier plutôt qu'à la guerre en général.
En 2017 et en 2018, un réinvestissement a été engagé. En 2019, la pleine réussite de la remontée en puissance de la préparation opérationnelle imposera de relever un double défi : la disponibilité des matériels et la disponibilité des hommes.
Nous avons déjà beaucoup échangé sur la méthode et les moyens d'assurer la disponibilité des matériels, et nous comptons beaucoup, madame la ministre, sur les effets de vos plans ambitieux s'agissant du MCO. Vous venez d'ailleurs d'annoncer une augmentation de 8 %, en 2019, du budget alloué à l'entretien des matériels.
Le deuxième défi, celui de la disponibilité des hommes, nous impose de veiller à ce qu'un temps suffisant soit consacré à la préparation opérationnelle.
Enfin, madame la ministre, mes chers collègues, nous avons construit ensemble une LPM à hauteur d'homme, car il est bien normal que la nation s'engage pour ceux qui sont prêts à payer le prix du sang pour la servir. Cette approche est non seulement juste mais aussi efficace, l'effort n'étant profitable que si les soldats bénéficiant des formations restent assez longtemps pour développer des compétences, accumuler de l'expérience et la valoriser en opération.
Vous le voyez, les défis sont encore nombreux. C'est pourquoi nous devons être conscients de notre responsabilité mais également fiers de ce budget 2019, conforme à la programmation. J'ai donc le plaisir, madame la ministre, mes chers collègues, d'émettre un avis favorable à son adoption.