Certes, des engagements politiques de haut niveau ont été pris pour le SCAF et le MGCS. Mais encore faut-il passer des déclarations au travail concret. Or apparaissent d'inquiétants signes de problèmes de calage, notamment pour le SCAF : en dépit des avances de la DGA, les autorités allemandes montrent des réticences. Concrètement, industriels français et allemands ne disposent toujours pas du cadre administratif nécessaire pour faire travailler ensemble leurs bureaux d'études, ne serait-ce que pour échanger des informations.
Ce calage mérite d'autant plus de vigilance que la coopération franco-allemande présente des risques d'assèchement sérieux, dont les signes sont clairs. Ainsi, l'Allemagne a choisi un missile israélien plutôt qu'un missile franco-allemand pour le Tigre Mark 3. De même, elle approfondit résolument le concept de nation cadre de l'OTAN, ce qui la conduit à fédérer autour d'elle, dans le cadre « otanien », les capacités de dix-sept États moins puissants qu'elle. Les occasions de coopération risquent donc de devenir plus rares, d'autant que, de façon générale, en Europe, l'actualité politique ne porte pas à l'optimisme.
À mes yeux, il y a donc trois urgences : primo, poser rapidement des jalons très concrets pour les coopérations franco-allemandes ; secundo, associer autant que possible le Royaume-Uni aux mécanismes européens de soutien aux coopérations, l'ironie de l'histoire ayant voulu qu'ils soient créés au moment précis où la deuxième puissance militaire d'Europe quitte l'Union ; tertio, saisir l'occasion des revues annuelles de la coopération structurée permanente pour promouvoir une application complète, fidèle et volontariste des engagements souscrits à ce titre.
Voilà, monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, monsieur le président de la commission, chers collègues, le résultat de mes travaux sur les crédits inscrits au programme 146, au sujet desquels j'émets un avis favorable.