Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, monsieur le président de la commission de la défense, madame et messieurs les rapporteurs, chers collègues, plusieurs orateurs ont déjà évoqué les grands équilibres du budget pour 2019. Je salue l'augmentation de 1,7 milliard d'euros des crédits de la mission « Défense », conforme à la loi de programmation militaire. Les futurs budgets successifs devront traduire dans les faits plusieurs choix politiques que mon groupe souhaite voir aboutir.
Il y a, tout d'abord, le comblement des lacunes, qu'il s'agisse de manques de petits équipements ou des conditions de vie des personnels de nos armées, en particulier de leur hébergement. Si je reconnais les efforts consentis dans le cadre du plan famille pour aider les hommes et les femmes de la défense ainsi que leurs conjoints, il me semble essentiel de poursuivre nos efforts, notamment en ce qui concerne les investissements immobiliers.
Il en va de même pour l'accompagnement à la reconversion. Je ne rappellerai pas les chiffres que j'ai évoqués en commission, mais des efforts importants doivent être effectués pour garantir que davantage de personnels quittant les rangs de nos armées seront accompagnés. Il s'agit d'augmenter la captation, ce qui passe en particulier par une meilleure connaissance en interne des dispositifs existants. C'est pourquoi, malgré la baisse du nombre de bénéficiaires attendus en 2019, il me semble regrettable de diminuer le budget alloué à la reconversion.
Je pense ensuite au soutien et aux équipements. Notre pays doit poursuivre sa politique de recherche et d'investissement pour éviter les ruptures capacitaires et ainsi faire en sorte que nos soldats disposent des meilleurs équipements pour remplir leurs missions. Aussi, les grands programmes d'armement sont indispensables et doivent disposer des fonds nécessaires afin d'assurer des calendriers de commandes et de livraisons adaptés. Si des efforts notoires sont à constater, il existe encore des insuffisances qui ne permettent pas à certains contrats opérationnels d'être totalement remplis. C'est le cas pour les patrouilleurs, qui doivent faire l'objet d'une attention particulière dans les années à venir, car trop d'incertitudes demeurent les concernant. Il en va de même pour certains matériels aériens de l'armée de terre dont les taux de disponibilité restent beaucoup trop faibles.
La question du soutien se pose aussi, notamment dans le domaine aérien. Selon les documents budgétaires, le taux de disponibilité très faible de certains matériels se justifie aussi par un manque humain et financier. La question de la répartition des postes qui seront créés dans les années de cette LPM doit être éclaircie et précisée. Comme l'indique l'un des rapporteurs pour avis, un haut gradé de l'armée de l'air explique que les cibles définies par la LPM sont déjà en deçà du besoin. La révision qui interviendra en 2021 devra prendre en compte ces inquiétudes – mais je suis convaincu, madame la ministre, que vous en avez bien conscience.
Un autre choix politique concerne la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation ». Si je salue la décision prise en faveur de l'élargissement de la carte du combattant aux militaires engagés en Algérie entre 1962 et 1964, et la création d'un monument en mémoire des soldats tombés lors des opérations extérieures, je souhaite rappeler ma proposition de mettre fin à la baisse systématique des crédits de cette mission, afin de favoriser les actions de mémoire du programme 167 « Liens entre la nation et son armée ».
Enfin notre groupe souhaite évoquer un dernier choix politique : la coopération européenne. L'année 2019 verra aboutir les négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel, qui prévoira le budget européen pour les sept années à venir. La Commission européenne a présenté les grandes orientations qu'elle soumettait aux États membres, parmi lesquelles figure une forte hausse des dépenses en faveur de la défense. Cette augmentation passera notamment par un fonds de défense, doté de 13 milliards d'euros pour cette période budgétaire, qui permettra de cofinancer des projets collaboratifs ainsi que la recherche.
Au-delà de l'objectif politique de la coopération, il s'agit aussi de faire des économies importantes, considérant que chaque année, le manque de coopération entre les États membres dans le domaine de la sécurité et de la défense coûterait, selon les estimations, plusieurs dizaines de milliards d'euros. Notre pays doit rester moteur dans ce domaine et persévérer dans sa volonté d'entraîner ses alliés européens. Cela se concrétise par la mise en place de la coopération structurée permanente mais également par un besoin de développer des capacités de réaction communes afin de répondre aux menaces auxquelles nos démocraties sont confrontées et à un contexte international instable. Sur ce sujet, madame la ministre, je tiens à vous dire que je suis totalement d'accord avec votre position politique, comme avec celle, bien sûr, du Gouvernement et du Président de la République.
Je sais, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, que les arbitrages budgétaires peuvent être particulièrement difficiles. C'est pourquoi je salue les efforts en faveur de nos armées dans le cadre du projet de loi de finances pour 2019. Je suis donc très positif et je serai vigilant s'agissant des amendements que nous soutiendrons dans quelques minutes. En tout cas, je serai cohérent avec ce que j'avais dit lors des débats sur la LPM.