En effet, 198 millions d'euros, c'est une paille. Mais ce n'est pas une question d'argent ! Ce prix est celui de la soumission. Vos interventions elles-mêmes le prouvent : la défense européenne n'existe que par l'OTAN. Les pays européens n'ont jamais été capables de prendre une seule décision commune dans le domaine de la défense ou de la diplomatie. Certains pays participent à des opérations décidées par les États-Unis, d'autres non. Dès lors, l'OTAN est l'instrument de la soumission d'une hypothétique défense européenne.
Quand on voit que les Belges préfèrent acheter le F-35 plutôt que le Rafale, on comprend bien l'intérêt que peuvent trouver les Américains à imposer que les budgets de la défense européenne représentent 2 % du PIB : le but est de favoriser l'achat d'armes américaines, d'enrichir le complexe militaro-industriel américain, mais surtout pas de participer au développement des entreprises françaises, sans quoi Dassault aurait vendu beaucoup plus de Rafale, avion de bien meilleure qualité que le F-35.
Enfin, nous ne voulons pas isoler la France mais l'ouvrir à d'autres alliances, qui ne considèrent pas que la Chine ou la Russie sont, par définition, l'ennemi numéro un.
Monsieur Marilossian, des navires russes espionnent les câbles sous-marins, c'est vrai, et cela représente une menace indéniable ; mais les États-Unis n'ont-ils pas espionné massivement jusqu'aux chefs d'État français et allemand ? N'y voyez-vous pas une menace ? Ne devrions-nous pas, au minimum, protester ? Aucun gouvernement européen ne l'a fait ! Nous avons laissé les Américains nous espionner, espionner nos industries, mettre à bas Alstom grâce à l'interception de mails et de communications téléphoniques, mais nous n'avons jamais rien dit. Les États-Unis représentent, eux aussi, une menace.